errière la stabilité des cours, les fondamentaux n’ontguère évolué, même si, en juin, l’analyste FoLicht a revu son surplus mondial pour 2018-2019 à 7,2 Mt, alors qu’il était estimé jusqu’ici à 5,1 Mt. Mais le marché l’avait déjà assimilé : la correction concernait une révision à la hausse des prévisions de récoltes indienne et thaïlandaise, et une révision à la baisse pour la récolte brésilienne. En effet, pour ce dernier pays, l’allocation de la canne vers la production d’éthanol est à son maximum : 65 % entre le début de la campagne (1er avril) et le 16 juin, selon la fédération des sucriers (Unica). Or, un point de plus dans la part de canne destinée à l’éthanol signifie 0,8 Mt de sucre de moins sur le surplus mondial ! L’effet sur les cours devrait donc être perceptible. Mais cela ne s’est pas vu, car la quantité d’éthanol au Brésil commence à peser sur les prix : l’éthanol domestique a perdu 6 % (en réal) en juin. Dès lors, le prix de parité entre le sucre et l’éthanol baisse et aucun support n’est à l’oeuvre sur le marché
mondial…
On constate la même absence d’effet de la désaffection des spéculateurs à l’égard du marché du sucre. Pourtant, ils ont encore beaucoup réduit leurs positions nettes-vendeuses, à presque 1,5 Mt actuellement – à comparer avec les 8,5 Mt d’avril dernier ! Mais ici encore, cela ne constitue pas un support pour le marché mondial… car le réal, la monnaie brésilienne, continue sa baisse (- 20 % depuis le début d’année).
Cette situation mondiale pèse toujours autant sur le marché européen. À quelques semaines de l’ouverture de la prochaine campagne, les échanges, en spot, restent limités. Il semble donc clair que la dernière valeur publiée par l’Observatoire européen, de 362 €/t sortie sucrerie, en avril dernier, fait
déjà partie du passé…


Timothé Masson, CGB