C’est le calme plat sur le marché du sucre depuis la mi-janvier. Le sucre roux se maintient autour des 13,5-14cts/lb, et le sucre blanc autour de 360 $/t. Le chan­gement de terme du sucre blanc (la prochaine échéance n’est plus mars, mais mai), n’aura pas modifié les choses. Celui du sucre roux, en fin de mois, aura-t-il davantage d’impact ?

Il est vrai que la saison pousse rarement à la fréné­sie. Les situations thaïlandaises et indiennes sont désormais bien connues, tout comme la campagne européenne, et nous sommes entre deux campagnes brésiliennes. Le surplus mondial, pour la campagne en cours (2017-2018) reste annoncé autour de 3,8 Mt, selon FoLicht (en équivalent sucre roux), et la suivante s’annonce également en surplus, mais d’un niveau probablement deux fois inférieur. Du côté des fondamentaux donc, et en l’absence d’acci­dent climatique, la situation est calme.

C’est ce calme que l’on retrouve sur les marchés, même si, du côté des éléments non fondamentaux, la situation est tout sauf calme :

  • Les spéculateurs restent vendeurs-nets de 8 Mt. Un volume toujours historique qui se pré­sente comme un facteur haussier – voir nette­ment haussier !
  • Les monnaies sont assez chahutées, avec un réal qui repasse au-dessus de 3,2 réaux/USS, et un euro qui commence enfin à se calmer après avoir pris 20 % depuis début 2017. Rappelons que d’une part, la perte de valeur du réal face au dollar est un facteur baissier des cours (les Brésiliens peuvent vendre moins cher leur sucre en dollar, tout en touchant le même prix en réal), et que, d’autre part, le gain de valeur de l’euro face au dollar est pénalisant pour nos exporta­tions (il faut vendre plus cher, en dollars, pour obtenir la même valeur en euros) !
  • Enfin, le pétrole commence à montrer des signes de faiblesses après son record au-des­sus de 70 S/baril fin janvier : il se rapproche à nouveau des 60 S/baril. La reprise du pétrole est un facteur de soutien des cours, indirectement, par sa capacité à tirer l’éthanol vers le haut – et donc la valeur du sucre qui provient de la même matière première. La réouverture de la campagne brésilienne, dans moins d’un mois et demi, se traduira-t-elle par un réajustement du cours du sucre pour tenir compte de la reprise éthanolière locale ?
  • Des fondamentaux calmes, des éléments de contexte plus mouvant : difficile d’y voir clair dans ces conditions. Le marché se cherche encore et la patience est mise à rude épreuve. Car ce cours mondial pèse encore et toujours sur le marché européen, qui peine à dépasser les 365€/t rendu utilisateur d’Europe de l’ouest, sur le marché spot, selon Kingsman. La reprise se fait attendre.