Cela reste bien faible, mais la tendance est nette. Elle repose sur plusieurs nouvelles haussières qui pourraient permettre une révision d’un surplus, mais dont les effets sont réduits par une monnaie brésilienne malmenée.
Ces nouvelles haussières sont venues d’Asie, tout d’abord, et notamment d’Inde et de Thaïlande. Les deux pays ont communiqué sur une ambition éthanolière pour leurs filières sucrières, la Thaïlande chiffrant même une réduction possible du débouché sucre à hauteur d’un demi-million de tonnes au profit du biocarburant. L’Inde a, par
ailleurs, prévenu qu’elle envisageait d’augmenter ses stocks de réserve aux environs de 3 Mt. Cela limiterait les prévisions d’export du pays qui fait face à une récolte record.
Du Brésil ensuite : des grèves de conducteurs de camion, couplées à des difficultés climatiques dans la récolte, ont conduit certaines usines à s’arrêter, puis à redémarrer. Selon certains analystes, cela pourrait avoir pour effet d’augmenter encore l’allocation vers l’éthanol, celle-ci étant maximale au démarrage d’usine. Enfin, plus près de nous, les annonces de baisse d’emblavement en Ukraine et en Russie pourraient anticiper une baisse de surplus sur la campagne suivante.
Ces successions d’annonces ont conduit les spéculateurs à revoir considérablement à la baisse leurs positions net-vendeurs, tout juste au-dessus de 2 Mt, contre plus de 8,5 Mt fin avril dernier ! Ce niveau à la vente des spéculateurs est un plus bas depuis début janvier dernier. Les cyniques feront remarquer qu’à l’époque, le sucre valait 15 % plus cher. A niveau égal de spéculation, le sucre aurait-il donc perdu 15 % en 6 mois… ? Il faut dire que, dans le même temps, la monnaie brésilienne a gagné… 15 % ! Il faut aujourd’hui plus de 3,70 BRL/$ quand il en fallait 3,25 BRL/$ début 2018.
Bref, la spéculation et la monnaie brésilienne confirment leurs rôles d’acteurs majeurs de l’année. Et cela ne présage rien de bon : la journée du 8 juin, pendant laquelle le Réal a chuté pour atteindre 3,90 BRL/$ avant de se ressaisir grâce à des déclarations rassurantes de la Banque Centrale, laisse craindre le pire. Car il reste encore bien du temps avant les élections brésiliennes, à l’automne – pour autant que ces dernières rassurent les marchés !

TIMOTHÉ MASSON, CGB