Le mercredi 24 janvier, soit moins d’une semaine après l’interdiction des néonicotinoïdes sur betteraves, la Commission européenne présente « un nouveau pacte en faveur des pollinisateurs ». Sans surprise, les grandes cultures sont dans le collimateur. « Il sera essentiel de réduire l’utilisation des pesticides et les risques qu’ils présentent », explique-t-elle.

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Dans son communiqué, elle annonce que « cette initiative s’attachera à améliorer les connaissances sur le déclin des pollinisateurs, ses causes et ses conséquences », tout en affirmant quelques lignes plus haut que « l’utilisation excessive de pesticides est un facteur clé de la perte de pollinisateurs ». Elle envisage donc de résoudre une question dont elle a préalablement écrit la réponse. Cette réponse n’est d’ailleurs pas de l’avis de tous les acteurs de l’apiculture (voir portrait p12). La commission met au premier plan le rôle de l’agriculture, mais évoque à peine les autres causes, comme le varroa ou le frelon asiatique, par exemple.

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Elle affirme aussi que « le contexte géopolitique actuel renforce encore la nécessité de rendre notre système alimentaire plus résilient, notamment en protégeant et en restaurant les insectes pollinisateurs ». Tout comme dans le titre du communiqué, elle associe la protection des pollinisateurs à la défense de la sécurité alimentaire en temps de guerre. Un argument qui résonne mal avec la récente interdiction des néonicotinoïdes, qui ne protège pas pour autant les abeilles, mais qui endommage notre souveraineté en sucre et en bioéthanol. Les dirigeants européens n’ont-ils pas tiré de leçons de la crise énergétique ?

Les raisons de ces propos quelque peu étranges s’éclairent soudainement quand on découvre que la Commission assume dans ce communiqué l’influence exercée par les lobbies écologistes, comme Génération Future et Pan Europe (une des parties à l’origine de la décision de la CJUE ) au travers de l’initiative « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », qui vise à réduire de 80 % les pesticides de synthèse d’ici 2030. Le communiqué se termine par cette affirmation de Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l’Europe, rendue déconcertante par l’actualité betteravière : « les abeilles et les papillons doivent à nouveau prospérer si nous voulons que les agriculteurs européens prospèrent eux aussi dans un environnement sain ».

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