« La betterave est dans une crise jamais vue. Pour la première fois, nous sommes confrontés à une dégradation du revenu betteravier, avec une perte de marge nette de 400 à 500 €/ha », a déclaré le président de la CGB, Éric Lainé, lors d’une conférence de presse donnée le 11 décembre pour présenter le programme de l’assemblée générale.

Les planteurs sont directement affectés par la chute des prix mondiaux du sucre et une mauvaise récolte, accentuée par la recrudescence de la cercosporiose. Le rendement moyen prévu ne sera que de 83 t/ha à 16 °S.

Le prix moyen des betteraves 2018 sera inférieur à ceux de 2017 : 24,50 €/t (dont 1,90 €/t de pulpe), contre 29,10 €/t (dont 1,40 €/t de pulpe). La recette betteravière plonge à moins de 2 000 €/ha. À noter qu’en 2018, la pulpe est un élément de résilience du revenu betteravier.

Le chiffre moyen de 24,50 €/t masque des différences importantes liées à la contractualisation. « Nous avons des écarts de près de 5 €/t entre les betteraves contractées les mieux payées et celles qui sont le moins, explique Pierre Rayé, directeur général de la CGB. Ce qui fait un écart de 450 €/ha ! Cette baisse des prix est certes due à la chute des prix mondiaux, mais la contractualisation avec les fabricants est importante ».

Le revenu betteravier a toujours constitué une certaine sécurité pour les agriculteurs. Mais cette année, la betterave va faire perdre entre 400 à 500 €/ha. Une estimation moyenne, puisque cette fourchette cache des disparités importantes. Certains producteurs vont avoir un rendement de 50 ou 60 t/ha à 16°S, « cela va être catastrophique pour leurs exploitations », prévoit Éric Lainé.

D’autres mauvaises nouvelles sont annoncées, comme l’interdiction des néonicotinoïdes qui pourrait affecter les rendements en 2019.

Dans un tel contexte, la CGB va rappeler, lors de son assemblée générale qui se tiendra à Paris le 18 décembre, que la filière betterave-sucre dispose de fondamentaux solides mais que betteraviers, fabricants et pouvoirs publics doivent œuvrer dans le même sens « pour conforter la performance et la pérennité d’une filière française d’excellence ». Cela passe par la préservation et le développement de moyens de production performants, une contractualisation robuste et rénovée, des outils de gestion des risques et un soutien à l’éthanol.

La CGB appelle toute l’attention du gouvernement « pour faire sans délai un premier bilan de la fin des quotas pour la filière betterave-sucre et lui donner les moyens d’un nouvel élan ».

François-Xavier Duquenne