C’est « la grande oubliée » du plan de soutien à l’automobile, estime Nicolas Rialland, responsable des affaires publiques de la CGB. La filière bioéthanol avec son carburant le Superéthanol E85 a été totalement écartée des mesures de soutien du plan automobile présenté par le gouvernement le 26 mai.

Mi-mai, la filière française du bioéthanol avait écrit au Premier ministre afin de proposer que les constructeurs automobiles bénéficiant de ce plan, proposent au moins un modèle flex-E85 d’origine dans les gammes de véhicules hybrides proposés au grand public et aux entreprises. « Une telle approche permettait d’envoyer un signal très positif en faveur de l’indépendance énergétique, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de l’amélioration de la qualité de l’air et du développement de la bioéconomie nationale », estime Nicolas Rialland. En vain.

Dans un courrier adressé le 27 mai au Premier ministre Edouard Philippe, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand a regretté « l’absence d’un volet pour le développement du Superéthanol E85, notamment grâce à la technologie flex-fuel, ce qui permettrait de réduire de 50 % les émissions nettes de gaz à effet de serre de ces véhicules (…) et de conforter les nouveaux débouchés de notre filière agricole et industrielle d’excellence ».

Des mesures spécifiques

De son côté, la filière française du bioéthanol a appelé le gouvernement, le 29 mai dans un communiqué, à reconnaître davantage les bénéfices du Superéthanol E85, notamment au plan réglementaire et à l’encourager à travers plusieurs mesures concrètes :

– accorder une prime à la conversion de 200 € aux ménages modestes qui font installer un boîtier de conversion E85 homologué par l’Etat sur un véhicule essence ;

– réduire la TVS sur les véhicules neufs équipés de moteur flexfuel-E85 dont les émissions sont inférieures ou égales à 120 g de CO2 (cycle NEDC), en appliquant un abattement de 40 % sur les émissions, pour inciter les constructeurs automobiles à développer des véhicules flex-fuel E85, notamment hybrides.

– Classer en Crit’Air 1 les véhicules flex-fuel E85 comme c’est le cas pour les véhicules associant essence et gaz.

« Revoir la réglementation européenne »

L’AGPB, l’AGPM, la CGB et le SNPAA rappellent que le Superéthanol E85 réduit de 90 % les émissions de particules fines et de plus de 30 % celles d’oxydes d’azote par rapport à l’essence. Ces organisations déplorent que les constructeurs ne soient pas suffisamment incités à développer des versions flex-fuel E85 par la réglementation européenne qui mesure le CO2 seulement en sortie de pot d’échappement. « Une juste mesure doit prendre en compte également celles liées à l’énergie utilisée, qu’il s’agisse de carburants fossiles, renouvelables ou d’électricité, et celles provenant de la production de la batterie des véhicules électriques et hybrides. Dans le cas du Superéthanol E85, grâce à l’absorption du CO2 par les plantes dont est issu le bioéthanol, les émissions nettes du carburant sont réduites de près de moitié par rapport à l’essence fossile, ce qui permet par exemple aux véhicules hybrides flex-fuel E85 d’obtenir d’excellentes performances environnementales », rappellent l’AGPB, l’AGPM, la CGB et le SNPAA dans leur communiqué commun. La filière appelle le gouvernement à jouer un rôle moteur dans l’évolution de cette réglementation européenne. « La prise en compte de ce bilan en « analyse de cycle de vie » mettrait sur un pied d’égalité les différentes technologies et reconnaîtrait la contribution du bioéthanol à la décarbonation du secteur automobile », estime-t-elle.

A.C.