L’atout alternance

Les alternances de cultures de printemps et d’hiver sont favorables au bon état sanitaire des parcelles. Le retour régulier de la betterave dans une succession de cultures d’hiver perturbe l’installation progressive d’une flore adventice automnale spécialisée. Vis-à-vis du désherbage, la gamme de produits disponibles pour la betterave, ainsi que le développement actuel des techniques de désherbage mécanique complémentaire, permettent d’obtenir des états de propreté parcellaire très satisfaisants. La qualité du désherbage réalisé dans la culture a un effet positif durable sur la propreté ultérieure de la parcelle.

L’alternance de cultures élargit la palette des herbicides disponibles pour une même flore, et prévient donc le risque de résistance des adventices. Face à des populations de ray-grass ou de vulpins, l’Avadex 480 (groupe HRAC[1] N), Mercantor Gold ou Isard (groupe HRAC K3) diversifient efficacement les modes d’action. Plusieurs herbicides antidicotylédones homologués en betterave appartiennent à des groupes HRAC peu représentés dans les autres cultures.

L’atout interculture

La culture de betterave est précédée d’une interculture longue qui peut être mise à profit pour la destruction d’adventices vivaces. La perspective de limitations d’usages du glyphosate renforce cet intérêt. Le labour de fin d’automne enfouit des adventices levées sous le couvert d’interculture et participe efficacement à la limitation du développement des graminées dans la rotation. Le couvert piège à nitrates peut aussi prendre une fonction de plante de service et jouer un rôle agronomique : restitution d’azote par une légumineuse associée, apport de carbone au sol, fonctions sanitaires (nématodes, rhizoctone). L’interculture longue est également utile pour réaliser les apports de phosphore et de potasse, de fertilisants organiques et d’amendements minéraux basiques.

L’atout fertilisation

La culture de betterave restitue une part importante des éléments minéraux prélevés, majoritairement contenus dans les feuilles. Si la culture laisse peu d’azote minéral dans le sol après récolte, elle contribue pourtant directement à l’alimentation de la culture suivante par le retour au sol des feuilles, soit entre 100 et 120 kg/ha. Les feuilles fournissent ainsi plusieurs dizaines de kg/ha d’azote, selon la période de récolte et selon la culture qui suit. Les feuilles laissées au champ recyclent également 30 à 35 kg/ha de pentoxyde de phosphore (P2O5) et plus de 250 kg/ha d’oxyde de potassium (K2O).

L’atout carbone

Indépendamment de la production d’agrocarburants substitués aux énergies fossiles, la culture de betterave participe dans des proportions non négligeables à l’apport de carbone et au maintien de la teneur en matière organique du sol. Si les cultures de céréales ou de colza sont les plus fortes contributrices – environ 10 t/ha de matière sèche restituées par les pailles –, les feuilles de betterave représentent un retour au champ de 5 à 5,5 t/ha. Si on y ajoute la contribution du couvert d’interculture, l’apport total se situe entre 5,5 et 7,5 t/ha de matière sèche.

L’atout enracinement profond

Si le risque de compactage lors de récoltes en conditions humides ne peut être négligé, il tend à faire oublier que la betterave se caractérise par un enracinement profond, pouvant descendre à plus de 1,5 m, un chevelu racinaire développé, et une période de végétation estivale qui maximise la restructuration des horizons profonds par effet de dessiccation des horizons prospectés. La culture de betterave peut donc être un bon outil pour la restructuration du sol en profondeur.

L’atout gestion de l’eau

La betterave sucrière est cultivée sans apports d’eau par irrigation pour plus de 85 % des surfaces. Dans les régions de production du sud de Paris, où l’irrigation est nécessaire, la betterave valorise les équipements en été sans être toujours prioritaire vis-à-vis d’autres cultures d’été comme le maïs, mais en valorisant des apports d’eau opportunistes et ponctuels. En conditions non irriguées, la consommation d’eau par la culture et sa longue durée de végétation ne génèrent pas pour autant un risque de déficit en eau pour la culture qui suit. Pour un sol profond, représentant une réserve utile (RU) de 180 mm, le suivi par modèle de la réserve en eau pendant la culture de betterave jusqu’à la récolte fin octobre, puis pendant les premiers mois de mise en place du blé suivant, montre que la réserve en eau du sol sera complètement reconstituée à la fin février neuf années sur dix en régions Île-de-France et Beauce, et tous les ans en région Hauts-de-France (évaluation sur dix ans, de 1997 à 2006).

Institut technique de la betterave (ITB)

(1) Lettres distinctives des groupes herbicides, établies par le Comité d’action pour les résistances aux herbicides (HRAC).