Les espoirs que les milieux d’affaires brésiliens avaient placé dans Bolsonaro, le nouveau président du pays depuis janvier dernier, auront été de courte durée. La chute de la monnaie du pays, le Réal, semblait enrayée. Voilà qu’elle vient de reprendre : il faut à nouveau plus de 4,10 réal pour avoir un dollar, une parité que l’on n’avait pas vue depuis le mois de septembre dernier… Or, lorsque la monnaie brésilienne baisse face au dollar, le producteur de sucre brésilien peut vendre moins cher, en dollar, son sucre : il gagnera le même montant en réal brésilien. Cela tire donc le sucre à la baisse.

C’est probablement ce qu’anticipent, et accompagnent, les spéculateurs : à la mi-mai, ils sont redevenus nets-vendeurs de sucre de près de 8 Mt, un volume record, depuis la fin d’été dernier.

Résultat : le cours du sucre brut retrouve ses niveaux de début de campagne, sous les 12 cts/lb, depuis deux semaines consécutives, indépendamment du fait que la campagne 2019-2020 sera une année déficitaire, et que le pétrole a, une nouvelle fois, dépassé les 72 dollars le baril.

Fin des droits antidumping sur l’éthanol

Du côté européen, la mauvaise nouvelle vient de l’éthanol. La fin des droits antidumping sur l’éthanol américain entrant sur le territoire européen, depuis quelques jours, risque de faire perdre 5 €/hl à l’éthanol européen. Et d’ailleurs, si l’éthanol reste au-dessus des 58 €/hl sur le terme proche, il passe sous les 53 €/hl à partir de septembre prochain. Cela représente une perte de l’équivalent de 2€/t de betterave, si ces valeurs venaient à se concrétiser. En revanche, le marché du sucre spot, sur le territoire européen, continue à bien se tenir. Il faut dire qu’avec la sécheresse de 2018, et la baisse de surface cette année, l’Union européenne risque de finir l’année avec moins d’un mois de consommation de sucre en stock, alors qu’elle en a généralement plus de deux mois ! Résultat : la livraison de sucre, en Italie et en Espagne, dépasserait désormais les 470 €/t rendue ! Certes, cette valeur correspond à des échanges très limités. Mais elle montre quand même que le rapport de force dans la négociation des ventes de sucre 2019-2020, qui va débuter, semble davantage du côté des vendeurs que des acheteurs…

Timothé Masson, CGB