En Champagne et dans l’Yonne les années se suivent et se ressemblent : 2019 est la deuxième année consécutive marquée par un stress hydrique précoce et durable. Le rendement moyen s’affiche à 82 t/ha, il était de 77 t en 2018. « La perte de productivité moyenne est de 15 t/ha », a souligné Pascal Amette, délégué régional ITB, lors de la réunion annuelle le jeudi 16 janvier à Sommesous (Marne). La moyenne quinquennale recule à 85,8 t/ha. Il faut remonter à 2017 avec 97 t/ha pour approcher les 100 t/ha qui étaient l’objectif de la filière avant les effets du dérèglement climatique. En Champagne crayeuse le rendement est de 85 t/ha (91 t moyenne 5 ans), en périphérie il est de 73 t/ha (83 t moyenne 5 ans).

L’année 2019 avait bien commencé par des semis groupés sur la dernière décade de mars. Les levées étaient très bonnes, favorisées par l’humidité du sol. En avril-mai la pluviométrie est propice au désherbage. Arrive juin et son épisode caniculaire qui favorise le développement des teignes mais inhibe l’évolution de la cercosporiose. Le charançon Lixus juncii est détecté dans l’Aube et l’Yonne. Durant juillet et août la sécheresse est persistante, surtout dans le sud de la région. La défoliation est importante et limite la croissance estivale. Des infestations successives de teignes sont constatées malgré les interventions insecticides. Le rhizopus fait son apparition après les épisodes caniculaires. La cercosporiose reste limitée, les températures élevées inhibant les contaminations. Pour la première année sans protection de semence contre les pucerons, la jaunisse virale a épargné la Champagne. D’abondantes pluies automnales font leur retour en septembre-octobre. L’ITB relève « une dégradation vertigineuse de la teneur en sucre courant octobre pour les parcelles les plus affectées par le stress hydrique ».

La menace du charançon Lixus juncii

En Champagne l’arrivée du charançon Lixus juncii, qui a migré depuis la Limagne pour gagner l’Yonne et l’Aube en à peine deux ans, inquiète. La Marne et les Ardennes sont pour l’instant épargnées. Ce grand coléoptère – 12 mm – apparaît fin mai et perfore les pétioles pour y déposer un œuf. La larve se développe, migre vers le collet et creuse des galeries dans la racine. Les conséquences sont une perte de rendement de 5 à 7 %, une baisse de richesse, le développement du rhizopus et la dégradation de la qualité lors du stockage. « L’efficacité des interventions reste aléatoire », note Pascal Amette. Deux interventions successives sont nécessaires pour endiguer les populations impossibles à éliminer. Il faut agir tôt, au printemps, avec une pyréthrinoïde autorisée.

Des essais de résistance variétale sont en cours, la filière est mobilisée.