Vos résultats financiers ont été globalement bons en 2019. Quelle est votre stratégie pour y parvenir ?

Depuis des décennies, Cosun a déployé une stratégie de diversification en investissant dans plusieurs activités fondées sur les plantes, ce qui lui assure finalement une stabilité quant aux résultats. À l’avenir Cosun, avec nos producteurs, continuera à utiliser le potentiel des plantes grâce au développement d’innovations pour les aliments, les ingrédients alimentaires, les aliments pour animaux de compagnie, les produits biologiques, les applications biosourcées et l’énergie. Cette réorientation stratégique vient de se traduire par le changement de nom de notre activité sucre, Suiker Unie, en Cosun Beet Company. Aujourd’hui, la valorisation de la betterave sucrière va bien au-delà du sucre, en apportant des protéines végétales issues de la feuille de betterave, des applications non alimentaires et la production d’énergie verte.

Comment faites-vous pour avoir une bonne rentabilité dans vos deux sucreries ?

Cosun Beet Company a réussi à réduire sa consommation d’énergie ces dernières années. Notre empreinte carbone par tonne de sucre a diminué d’environ 40 % entre 1990 et 2018. Les sucreries de Dinteloord et de Vierverlaten comptent parmi les plus grandes en Europe et les plus efficaces en termes énergétiques. Nous poursuivons nos efforts de décarbonation par exemple en développant l’évaporation en sept étapes (ou même huit) dans le processus de production du sucre et la production de biogaz à partir de nouveaux substrats comme les résidus de betteraves non valorisables.

Cosun a payé la betterave 36,05 €/t en 2019. Comment atteignez-vous ce prix ?

Le point de départ de la détermination du prix annuel est le prix de base de 32,50 €/t, qui a été déterminé par Cosun en collaboration avec les coopérateurs après l’arrêt du règlement sucre. En 2019, le conseil d’administration de Cosun a fixé le prix de la betterave à 39 €/t pour une teneur en sucre de 17 %. Ainsi, une prime de 6,50 € a été versée grâce aux résultats globaux du groupe Cosun. Le prix net de 36,05 € par tonne tient compte de la baisse de la teneur en sucre et du taux d’extraction du sucre après un été sec et un automne humide l’année dernière.

Ce chiffre fait rêver les planteurs français, mais quel est le prix à partir duquel les betteraviers néerlandais commencent à gagner de l’argent ?

Les prix ​​élevés des terres, les taxes et les prélèvements ont un impact sur les revenus des producteurs. Les agriculteurs néerlandais ont besoin d’un prix de la betterave structurellement supérieur à 32,50 €/t pour continuer à cultiver de la betterave et assurer un approvisionnement fiable de Cosun.

Avez-vous des attaques de jaunisse et quel est l’impact de la maladie sur les rendements ?

La présence du virus varie selon les régions, la partie nord-est du pays est moins touchée, tandis que les régions du sud-ouest ont été gravement affectées avec des rendements nettement en baisse. Nos enquêtes montrent un coût supplémentaire de 5,2 millions d’euros en substances alternatives aux néonicotinoïdes et une perte de rendement de près de 2,4 millions d’euros.

Comment les betteraviers néerlandais voient-ils l’avenir de la betterave ?

Pendant des décennies, la betterave à sucre a été une culture stable dans l’assolement des producteurs néerlandais et nous nous attendons à ce que l’intérêt pour les betteraves se poursuive, compte tenu des nouvelles applications telles que les protéines végétales pour l’alimentation, les composants biosourcés pour la maison, les cosmétiques et l’énergie verte. Il est également important de souligner que la culture de la betterave s’est avérée une culture stable et fiable sur laquelle les producteurs peuvent compter. Cette attitude positive envers la betterave et les opportunités intéressantes sur les différents marchés nous font croire en des perspectives assez optimistes.

La pomme de terre a contribué à la bonne santé financière du groupe ces dernières années, mais quel sera l’impact de la crise du coronavirus sur ce secteur ?

Pendant le confinement, les ventes de frites surgelées au secteur de la restauration ont considérablement diminué. En moyenne, les transformateurs de pommes de terre réalisent 85 % des affaires sur le marché hors domicile à travers le monde. Durant le mois de juin, l’assouplissement des mesures sanitaires a permis aux restaurants de redémarrer progressivement et les ventes ont donc commencé lentement à reprendre. Cependant, Aviko n’a pas encore retrouvé son niveau d’activité d’avant la pandémie, mais nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une situation temporaire et que la croissance reprendra bientôt.

Il y a un fait intéressant : le marché florissant de la livraison à domicile a créé des opportunités qu’Aviko a exploitées en lançant de nouveaux concepts de produits répondant à la nécessité de servir des frites qui restent croquantes et chaudes plus longtemps pendant le transport vers les lieux de consommation. Bien que très intéressants, les revenus de cette innovation ne compensent pas les pertes globales dans le secteur des services alimentaires et les résultats de cette année sont sévèrement sous pression. À plus long terme, l’investissement dans notre nouvelle usine de Poperinghe, en Belgique, reflète les perspectives positives en matière de croissance des ventes.

Êtes-vous à la recherche d’hectares de pommes de terre en France pour alimenter l’usine de Poperinghe ?

La demande croissante de frites surgelées et de produits à base de pommes de terre stimule les investissements dans cette nouvelle usine en Poperinghe. Aujourd’hui, nous achetons déjà des pommes de terre auprès de producteurs français et nous étudions les possibilités de contractualiser des volumes supplémentaires en France. L’expertise de Cosun et d’Aviko sur les pratiques agricoles et leur approche contractuelle offre aux agriculteurs français des opportunités d’améliorer leurs méthodes agricoles, tant sur le plan économique qu’au niveau environnemental.