Sur la vaste zone de stockage qui jouxte l’usine, on les repère facilement à leur couleur jaune vif. Ici, on produit « plus de 10 millions de mètres de drains agricoles par an », comme l’explique Yann Nedellec, P-DG de Fraenkische France (1). Le chiffre reste volontairement flou pour des raisons de confidentialité. On nous précise toutefois que le site aubois fabrique en 24 heures « 35 km de tubes de 65 mm de diamètre et 40 km de tubes de 50 mm de diamètre ». Les tubes mesurent 150 m de long en 65 mm, et 200 m de long en 50 mm. L’usine produit aussi des tubes de 80, 100, 125, 160 et 200 mm de diamètre pour les collecteurs.

Toutes ces pièces sont en PVC, le plastique arrivant sous forme de poudre qui, une fois mélangée, est extrudée avant de passer au conformateur qui donne au tube sa forme définitive. Celui-ci est perforé, car le but n’est pas d’assécher la terre mais de retirer l’humidité excédentaire du sol. Il est parfois enrobé de géotextile pour empêcher les sols trop limoneux ou les racines de colza de boucher les trous. Et il est annelé, car ce sont les anneaux qui rendent le tube flexible. Une technologie à des années-lumière des drains rigides en terre cuite d’autrefois.

C’est d’ailleurs l’Allemand Fränkische qui, en 1961, a lancé le premier tube de drainage en plastique fabriqué en continu dans le monde. Mais, curieusement, aime à rappeler Yann Nedellec, cette invention est connue à l’étranger, notamment au Canada, sous le nom de « drain français ». Etonnamment aussi, l’usine de Torcy-le-Grand, installée en 2012 pour fabriquer des équipements destinés aux travaux publics (canalisation, drainage, traitement, stockage, infiltration et régulation des eaux pluviales), ne s’est diversifiée dans le drain agricole qu’à partir de 2016, date de son extension. « Nous avons répondu à une demande du négoce, dont la clientèle se sert de drains agricoles dans le bâtiment, tout en bénéficiant de l’arrêt de cette activité chez deux de nos concurrents. »

Ce segment représente aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires de Fraenkische France, bien qu’il s’agisse d’une activité saisonnière, limitée géographiquement (on ne draine pas dans le Sud-Est par exemple, ni d’ailleurs dans l’Aube, où l’on irrigue !), et cyclique, sur des périodes de quatre ou cinq ans, avec des baisses pouvant aller jusqu’à 50 % certaines années, en fonction notamment du revenu disponible des agriculteurs. La clientèle se compose de Cuma et d’entreprises de drainage.

En croissance continue depuis sa création, l’usine auboise, qui emploie 60 personnes, traverse une période faste. « Il y a eu énormément de drainage agricole entre avril et mai dernier », se félicite Yann Nedellec, qui avait fait le pari – gagnant – de continuer à produire durant le confinement.

On notera les deux orthographes : Fränkische pour la maison mère allemande, Fraenkische pour la filiale française.