Beaucoup de betteraves ont été arrachées depuis le premier développement des roues Oppel chez Holmer, en 2006. Mais la route sera longue avant que le constructeur bavarois ne réussisse à convaincre de l’intérêt de ce système de récolte. Matthieu Denizon, qui dirige les ventes, confie que, jusqu’en 2009, les bâtis Oppel qui avaient été présentés aux planteurs ne les intéressaient pas. Est-ce que l’arrivée l’an passé d’un nouveau bâti à roues Oppel HRO en acier trempé sur la Terra Dos T4 inversera la tendance, alors que la demande internationale est élevée ? L’affaire est à suivre dans un contexte commercial concurrentiel où un constructeur comme Grimme se taille la part du lion. Aujourd’hui, selon Holmer, sur ses trois cents machines qui tournent dans l’Hexagone, deux utilisent des roues Oppel. « Pourtant, la technique du disque est intéressante », poursuit Matthieu Denizon. « La betterave est tirée vers le haut. On n’encrasse pas les turbines. C’est le meilleur des systèmes dans les terres légères aux propriétés sableuses et collantes. On a une tare terre qui baisse ». Le HRO se caractérise par un dispositif (Easy Lift) de réglage indépendant, rang par rang, de la profondeur de travail des roues. Holmer a aussi préféré à un système pendulaire un dégagement latéral de 70 mm ou une translation droite-gauche des roues. D’autre part, leur vitesse est contrôlée électroniquement en fonction de celle d‘avancement de l’arracheuse. Dans ces conditions, le flux de betteraves se trouve guidé par l’entraînement des roues Oppel, ce qui leur évite de basculer dans les sols légers. « Nous continuerons bien sûr à produire un bâti Oppel », ajoute Matthieu Denizon, Holmer ne devrait pas freiner ses ambitions qui sont d’atteindre 20 % de ses ventes de machines avec le HRO ».

80 % des ventes en Oppel

Grimme ne se fait pas de souci de ce côté-là. En France, huit machines sur dix tournent avec un bâti Oppel sur les un peu moins de 200 qui sont en service. Chez le constructeur, les roues Oppel sont apparues en 1998 avec les premiers prototypes d’arracheuses intégrales. Un système venu d’Amérique du Nord que « nous avons adapté à l’Europe avec un entraînement hydraulique proportionnel à l’avancement », précise Guillaume Becker, spécialiste de la betterave chez Grimme. Sur le continent américain, les roues sont en effet auto-entraînées par le sol. Parmi les grandes dates de l’évolution de ce type d’arrachage, 2009 marque le recours à un bâti tiré plutôt que poussé, plus délicat, et 2014 la refonte du circuit hydraulique de la machine. Deux choix importants qui ont permis à l’arracheuse de travailler plus aisément dans toutes les conditions de récolte, en courbe, dans les dévers, sur les sols secs et lourds. Avec, à la clé, « la volonté de respecter la betterave, de ne pas la blesser, ce qui correspond à la philosophie de Grimme et justifie aussi le choix du bâti Oppel », insiste Guillaume Becker. Le constructeur renvoie gentiment dans les cordes ceux qui affirment que le système est coûteux. « Un bâti à roues Oppel comprend douze roues, deux par rang, qui grâce aux matériaux qui les composent et à leur longévité, n’engendrent aucun surcoût à l’hectare par rapport à un bâti à socs dans des conditions de récolte analogues », tient à préciser Guillaume Becker. Au nombre des dernières évolutions, l’effeuilleuse FM, sans scalpeurs, donne une betterave chauve et le volume de racine dans le collet est récupéré. « Un bâti Oppel avec une effeuilleuse FM garantit l’arrachage d’un tonnage à l’hectare encore plus élevé », estime Guillaume Becker. L’an passé, Grimme a lancé la Rexor Platinum avec parmi les nouveautés : un ring élévateur à poches, un amortisseur de chute pour les premières betteraves entrant dans la trémie, une nouvelle cabine et un nouveau moteur Mercedes de 653 ch.

Moins de tare terre

À la tête d’une entreprise de travaux agricoles (ETA) à Santeau (Loiret), Gilles Allimonier vient de boucler sa seconde campagne d’arrachage de betteraves avec une Holmer Terra Dos T4-30 et un bâti Oppel. « Il fallait ça dans des terres argileuses et collantes. Ici, on met l’eau partout », introduit l’entrepreneur. À la croisée de l’Orléanais, du Gâtinais et de la Grande Beauce, il arrache 400 ha de betteraves sur des parcelles de 10 à 15 ha au taux d’argile variant de 30 à 75 %. « J’ai fait le bon choix avec les roues Oppel », précise-t-il après avoir aussi travaillé, dans un passé récent, avec une T4-30 montée en socs. « La différence ? Le suivi de terrain indépendant, un meilleur arrachage sur des sols mal préparés, si la profondeur des rangs diffère. Nous sommes à 15 % de tare terre avant le déterrage alors que nous étions entre 25 et 30 % auparavant », détaille Gilles Allimonier. L’entrepreneur voit aussi un bénéfice, en termes de coût d’entretien, grâce à la manière avec laquelle l’arracheuse se joue des terres difficiles : « on force moins son hydraulique et ses roulements parce qu’il y a moins de pression sur les éléments ». Mais à condition de bien s’adapter à une machine qui, avec ses roues Oppel, souligne Gilles Allimonier, « demande plus de sensibilité et de finesse dans son pilotage ».