Une situation inédite ! Ce n’est pas une crise de surproduction à laquelle font face les producteurs de pommes de terre, mais de la demande. Liée à l’épidémie de la Covid-19, cette crise dure en s’étendant sur plusieurs campagnes. Après avoir perturbé celle de 2020-2021 et la fin de la précédente en 2019-2020, elle n’épargnera pas la campagne 2021-2022.
Au vu des stocks de produits finis, les transformateurs demandent aux producteurs européens de pommes de terre de réduire de 15 % la surface de pommes de terre par rapport à la campagne passée, sans se reporter pour autant sur la culture de pommes de terre de table. L’an passé, 6 758 800 tonnes de pommes de terre de consommation (+ 15,3% par rapport à 2015-2019) ont été récoltées sur 136 000 hectares en Europe. En revanche, la pomme de terre féculière reste une opportunité de développement.
La crise durera tant que les établissements de restauration hors domicile seront fermés et que les stocks de produits transformés ne seront pas épuisés.

Stocks très élevés

Les industriels ont honoré leurs contrats conclus durant la campagne passée, en 2019-2020, lorsque l’économie a été confinée. Mais leurs capacités de stockage très limitées ne leur permettent pas de s’engager sur des volumes aussi importants qu’au cours des années précédentes.
Les transformateurs savent d’ores et déjà qu’ils vont commencer la nouvelle campagne 2021-2022 avec des stocks très élevés de produits transformés, alors qu’une partie de l’économie reste confinée.
Pour autant, la réduction souhaitée des surfaces n’est pas sans risque. Si la prochaine saison est sèche, les rendements seront affectés. En 2020, ils s’inscrivaient dans la moyenne des cinq dernières années (43,5 t/ha ; + 1 %).
Autre enjeu de taille des mois à venir : la conservation des pommes de terre. L’interdiction du chlorprophame (CIPC) génère des frais de stockage coûteux, à la charge des producteurs, sans avoir pour autant l’assurance que les pommes de terre livrées satisfassent les critères de qualité requis par les industriels. Le risque de déclassement est important. Les prochaines négociations de contrats devront prendre en compte ces coûts supplémentaires.
En revanche, l’accord de commerce et de coopération entre l’UE et le Royaume-Uni est un soulagement pour l’ensemble de la filière pommes de terre. L’absence de taxe et de quotas sur les produits agricoles garantit la poursuite des échanges commerciaux. Mais les formalités douanières génèreront des frais.