Si l’on veut détruire ses couverts végétaux, il peut être intéressant de voir ce que propose un constructeur comme Horsch. En 2020, pour une première campagne, est apparu un nouveau Joker RT, déchaumeur traîné à disques indépendants (5 à 12 m de largeur) de l’entreprise bavaroise. « Nous avons procédé à des modifications structurelles qui rendent l’outil plus configurable », résume Matthieu Noroy, le monsieur travail du sol de Horsch France. En d’autres termes, le Joker se transforme en Lego tant les options de montage sont nombreuses. Parmi elles, le positionnement d’un rouleau couteau devant les disques à l’inclinaison revue – attaque maintenue à 17°, entrure passée de zéro à 6° –. « Un labour sera sans patinage et facilité après une destruction superficielle du couvert à 4 cm de profondeur », rapporte Matthieu Noroy. « Avec un rouleau couteau associé aux disques, les couteaux découpent le couvert à un demi-centimètre pendant que les disques n’interviennent presque pas ». Le Joker peut aussi être porté sur des largeurs de 3 à 7 m. Il devient alors combinable, dans sa version de 3 m uniquement, avec un rouleau double à couteaux Cultro TC placé devant le tracteur. Il déchiquette les résidus végétaux avec six couteaux en croix sur la circonférence du rouleau (320 mm de diamètre). Cela étant dit, pour les adeptes des dents, l’autre carte de Horsch reste le Terrano, déchaumeur en plusieurs versions – 3 à 12 m – qui, soit dit en passant, fêtera son vingtième anniversaire en 2022. Cet outil au champ d’action large est maintenant capable, grâce à des ailerons de scalpage, de découper les couverts végétaux. Extra-plats, les ailerons scalpent à partir de 2 cm de profondeur en sectionnant les racines sous le plateau de tallage des graminées. De plus, les Terrano versions FX et GX sont associables à une herse arrière, quant au FX pourvu d’ailerons, il peut intervenir avec un Cultro TC de 3 m en frontal. « Dans cette dernière configuration, la machine sera tout à son aise », affirme Matthieu Noroy, « pour se frayer un chemin dans d’abondants couverts, par exemple à l’automne ».

Catros et rouleau hacheur

Sur le terrain de l’association d’outils pour éliminer les couverts, Amazone a lui aussi fait un grand pas. La polyvalence devient le maître-mot. Il y a peu, le constructeur allemand a présenté des équipements frontaux combinables avec son déchaumeur à disques indépendants Catros, fleuron de la marque, dans sa spécialité, depuis 2003. En plus d’une herse déjà connue, la nouveauté est un rouleau hacheur de 330 mm de diamètre doté de six lames couteaux en acier au bore (8 mm d’épaisseur) disposées en V pour effectuer des coupes longues de 16 cm. Un système hydraulique, avec une boule d’azote, contrôle l’outil. Illustration de la polyvalence du couple formé par le Catros et le rouleau, le hachage lors d’un premier déchaumage derrière un colza, un tournesol, un soja ou un maïs grain éclate les tiges des végétaux et accélère leur décomposition. En second déchaumage, le rouleau nivelle et émotte et, enfin, dans un troisième scenario, il peut détruire un couvert végétal, quelles que soient les conditions. Le rouleau hacheur peut opérer avec les Catros 03 et XL (de 2,50 m à 9 m de largeur de travail). Toutefois, le Catros mis à part, Amazone rappelle l’existence du Certos, autre déchaumeur à disques, plus lourd que le Catros – 9,1 t contre 6,3 t pour un 6 m équipé du rouleau Matrix. Sorte de gros animal enfouisseur de végétaux avec des disques de 660 mm de diamètre (610 mm sur le Catrox XL), le Certos requiert un bon 250 chevaux devant. « Mais le résultat est là », dit le constructeur. La machine intervient à des profondeurs comprises entre 7 et 20 cm, avec une inclinaison des disques de 22° à l’avant et de 17° derrière. À noter qu’elle n’a pas besoin d’un rouleau hacheur pour faire le travail, mais dispose du Matrix pour rappuyer le sol et faire relever les adventices.

Témoignage de Matthieu Sarazin, agriculteur à Seraincourt (Ardennes)

En itinéraires simplifiés et agriculture de conservation pour ses céréales et ses betteraves, Matthieu Sarazin a détruit ses couverts végétaux avec un Cultro TC : « je ne laboure plus l’hiver. L’outil, un douze mètres, m’avait été prêté par Horsch France et le concessionnaire », précise-t-il. L’opération s’est déroulée durant l’hiver sur 180 ha d’engrais verts – vesce, moutarde brune et traditionnelle, phacélie, féverole, avoine – sur une terre de limons argileux, avec des silex dans les côtes, gelée superficiellement. « La machine s’est bien comportée, à 15 km/h parce que la vitesse améliore le travail, avec 280 ch à la traction pour affronter les pentes. Elle a découpé les plantes et laissé un mulch en surface. Un mois et demi plus tard, je préparais les semis de printemps. D’abord, une ouverture de la terre avec un outil à petites dents. Puis, le lendemain, un passage de herse rotative et, le jour d’après, l’implantation de la culture. En trois jours, tout était fait », détaille Matthieu Sarazin. La suite ? « Investir dans un Cultro de douze mètres, qui avale une centaine d’hectares en quelques heures, représente un coût. Alors sortir un six ou un huit mètres serait une bonne idée ».