Le premier lâcher de chrysopes a été effectué fin avril dans une ferme pilote du Plan National de Recherche et d’Innovation (PNRI) de la région de Pithiviers. Ce sont plus précisément 5 à 10 œufs par mètre carré qui ont été pulvérisés avec de l’eau sur une bande de betteraves de 150 m. Ces œufs vont rapidement éclore (au bout de 3 à 6 jours) pour laisser place aux véritables prédateurs des pucerons. « Les larves peuvent parcourir de grandes distances à la recherche des pucerons. Elles peuvent dévorer 50 pucerons par jour et sont actives pendant 3 à 4 semaines », explique Agnès Chanteau-Foucher, coordinatrice commerciale et technique chez Iftech, une société spécialisée dans le biocontrôle.

Les larves ne sont pas visibles à l’œil nu, car elles mesurent à peine 1 mn et sont surtout actives la nuit, au moment de l’éclosion.

Les larves donnent ensuite naissance à des adultes verts ailés et les femelles vont pondre 30 à 50 œufs par jour. Une nouvelle colonie va pourvoir ainsi s’attaquer de nouveau aux pucerons. L’installation de la colonie de chrysopes sera favorisée par des bandes fleuries.

Pulvérisation des œufs

La pulvérisation sur les betteraves a été réalisée par la société angevine Iftech basée aux Ponts-de-Cé. Fondée en 2004, elle emploie des entomologistes et des agronomes pour trouver de nouvelles solutions naturelles pour la protection et la croissance des plantes. Les deux domaines d’activité de l’entreprise sont le biocontrôle et les biostimulants. Mais sa spécialité est l’élevage des chrysopes, dont les larves dévorent également thrips, acariens, mouches blanches ou cochenilles.

« Ces insectes sont utilisés depuis plusieurs années pour lutter contre les pucerons dans les parcs et les jardins des communes, sous forme de bandelettes contenants des œufs de chrysopes. Petit à petit, les maraîchers et les horticulteurs se sont mis à les utiliser, et aujourd’hui nous sommes contactés pour intervenir en grandes cultures », constate Agnès Chanteau-Foucher. « Nous avons été contactés par l’ITB pour participer au PNRI en décembre dernier. La betterave, c’est nouveau pour nous ». Pour cette société habituée à travailler sur de petites parcelles, les défis seront de produire des œufs en plus grand nombre (elle en produit déjà 2 millions par semaine dans son laboratoire) et de mettre au point du matériel spécifique pour l’épandage. Aujourd’hui, l’application se fait à l’aide d’une machine portée à dos d’homme.

Ce test réalisé dans le cadre du PNRI nous dira si les chrysopes sont à la hauteur de leur réputation de dévoreurs de puceron.