Que pensez-vous de cet accord politique sur la PAC ?

Tout d’abord, nous avons un budget qui est à la hauteur de nos ambitions, alors que nous avions de fortes craintes de le voir sévèrement amputé quand la Commission a fait ses propositions en 2018. La Commission avait aussi la volonté de verdir très fortement cette nouvelle PAC, et je pense que nous avons trouvé un compromis acceptable entre la vie économique des entreprises et la réponse aux attentes sociétales à travers la mise en place des éco-régimes. Un des aspects intéressants est l’ouverture des programmes opérationnels pour les légumineuses, ce qui laisse à penser que les logiques d’organisation des filières et de valeur ajoutée seront désormais prises en compte lors des prochaines réformes. Ces logiques de projet et d’accompagnement de la croissance peuvent être très intéressantes pour une filière organisée, comme la betterave à sucre, pour le futur.

Quels sont les points de vigilance ?

Cet accord est équilibré, mais le diable est dans les détails. Il y a encore beaucoup de choses à caler, notamment pour la mise en place de l’éco-régime. La CGB et la FNSEA ont déjà obtenu la reconnaissance des plantes sarclées pour la voie d’accès « pratique de gestion agroécologique des surfaces agricoles ». Initialement, les plantes sarclées étaient dans la même case que les céréales de printemps. Cette reconnaissance permet d’atteindre plus facilement le scoring nécessaire. Je souhaite que tous les agriculteurs puissent accéder à l’éco-régime quelle que soit la typologie de son exploitation ou sa région.

Il faudra également surveiller l’application de la BCAE 9 pour éviter le retour de la jachère. Nous sommes en train de négocier avec le ministère pour que les 4 % de zone non productive puissent se traduire par des équivalences, en prenant par exemple en compte les ZNT « cours d’eau » ou « riverains » et les jachères mellifères.

Il y a aussi des points de satisfaction sur la BCEA 8, car il n’y aura finalement pas de rotation stricte à la parcelle. Nous ne connaissons pas les modalités d’application, mais à la lecture du règlement européen, on peut comprendre que les intercultures pourraient être reconnues comme des cultures à part entière pour la diversité de l’assolement.