Durant la campagne 2021-2022, une production mondiale record de maïs est possible si aucun accident climatique majeur ne survient, comme ce fut le cas la campagne passée. Selon le Conseil international des céréales (CIC), 1 202 millions de tonnes (Mt) de maïs seraient en effet récoltées d’ici le mois de juin 2022, soit 75 Mt (ou 7 %) de plus qu’en 2020-2021. Hors Chine, la hausse serait de 63 Mt. Dans son dernier rapport du mois de septembre, l’USDA, le ministère américain de l’agriculture, table sur 1 197 Mt (+ 69 Mt sur un an).

La campagne 2021-2022 serait alors la première campagne équilibrée depuis cinq ans.

Pourtant, la production mondiale de maïs bat quasiment chaque année un nouveau record mais elle ne parvient jamais à couvrir la demande mondiale, en hausse de 25 Mt par an en moyenne. Celle-ci a en fait « une à deux campagnes d’avance » sur la production.

Un prix de la tonne supérieur de 50 €

En 2020-2021, la production mondiale de maïs était à la fois équivalente à la campagne 2019-2020 (1 127 Mt – Source CIC) et inférieure à celle de 2018-2019. Aussi, a-t-elle été déficitaire de 20 à 30 Mt comme les deux précédentes.

Au printemps 2020, l’USDA et le CIC misaient sur une production mondiale de maïs excédentaire. Puis, les prévisions ont été revues à la baisse au fil des mois dans de nombreuses régions du globe.

Au Brésil (86 Mt), où la Niña a sévi pendant de nombreux mois, 16 Mt de maïs ont été récoltées en moins qu’en 2020 (102 Mt). Et aux États-Unis (360 Mt), le spectaculaire redressement de la production a déçu.

En cette fin d’été 2021, la production de maïs est attendue avec impatience. À Bordeaux, le prix de la tonne de maïs (213 € le 14 septembre 2021) est supérieur de 50 € à son niveau de l’an passé.

Dans les pays producteurs de maïs, les quantités supplémentaires de grains engrangées compenseront partiellement les millions de tonnes d’orges et de blé qui manquent pour équilibrer la demande mondiale de céréales. La production d’orges (149 Mt – source USDA) sera en effet déficitaire de 4 Mt tandis qu’en Amérique du nord, et notamment au Canada, plus de 15 Mt de blé ont notamment été détruites par la chaleur et la sécheresse qui ont sévi aux mois de juillet et août derniers. En conséquence, la production mondiale de blé sera déficitaire de 9 Mt (USDA).

La Chine, arbitre de la campagne

Dans l’hémisphère nord, les agriculteurs s’apprêtent à moissonner 484 Mt de maïs selon l’USDA : 65 Mt dans l’Union européenne, 380 Mt aux États-Unis et 39 Mt en Ukraine. Par conséquent, les vingt-sept pays européens limiteraient leur dépendance aux importations (15 Mt), notamment d’Ukraine. Le pays s’apprête à en exporter 32 Mt.

Dans l’hémisphère sud, la campagne précédente est à peine achevée. « Mais au Brésil, en supposant un temps plus conforme à la saison et une hausse des superficies pour la deuxième campagne (safrinha), la récolte 2021-2022 pourrait faire un bond de 35 % et atteindre 117,4 Mt », analyse le CIC.

Une partie de la campagne commerciale actuelle se joue en Chine. L’empire du milieu, à la fois deuxième pays producteur et premier pays importateur au monde de maïs, pourrait récolter 273 Mt de grains d’ici la fin du mois de juin 2022. Mais les quantités de grains récoltées en plus ne l’empêcheront pas d’en importer 26 Mt, selon l’USDA. Et cette prévision est appelée à être revue.

Toujours plus de céréales transformées

La crise sanitaire de la Covid n’a pas freiné les velléités expansionnistes des filières animales et de biocarburants. Toutes céréales confondues, 370 Mt de grains seront transformées en biocarburants (+7 Mt) et 1 042 Mt fabriquées en aliments (+30 Mt), selon le CIC. L’essor des filières animales se poursuit indépendamment des questions environnementales qu’il soulève.

Mais les neuf pays exportateurs majeurs de céréales de la planète s’inscrivent davantage dans l’ère du temps. Hormis le Brésil, ils fabriqueront moins d’aliments qu’avant la période de la crise de la Covid (417 Mt, -14 Mt) mais plus de biocarburants et de biomatériaux (217 + 7 Mt).