Après avoir dépassé les 20 cts/lb à la mi-septembre, le sucre brut sur le marché mondial oscille désormais entre 18 et 19 cts/lb sur les trois prochains termes. Une évolution à mettre directement en relation avec un certain désengagement de la part des fonds spéculatifs pour les commodités : ils ont réduit leurs positions nettes-acheteuses de 2 Mt de sucre en un mois – tout en les maintenant au-dessus de 8 Mt. La bonne nouvelle est que cette baisse significative n’aura pas fait totalement dévisser les cours. D’ailleurs, ce relâchement ne touche pas le sucre raffiné, qui reste supérieur à 500 $/t sur les trois prochaines échéances.

Du côté indien, le gouvernement ne semble d’ailleurs pas prendre cette récente tendance baissière au sérieux. Il vient d’annoncer qu’il ne renouvellera pas sa politique de soutien à l’export sur la campagne qui ouvre actuellement. Il estime la production de la campagne à venir similaire à l’an passé (autour de 31 Mt). L’année dernière, pour mémoire, le pays avait exporté 6 Mt de sucre grâce à des subventions, qui dépassait le demi-milliard de dollars sur l’année ! Mais, compte tenu de la fermeté des cours, ainsi que du développement de la filière éthanol dans le pays, les autorités indiennes n’estiment pas nécessaire de budgéter une nouvelle aide cette année. Ce serait la première fois depuis trois ans !

Du côté européen, la campagne à venir s’annonce avec des rendements dans la moyenne, alors que les usines s’apprêtent à transformer un volume de betteraves proche de celui que l’on avait sous quota. La grande nouvelle du mois aura été l’annonce britannique portant sur les contrats relatifs aux semis 2022. L’indexation du prix des betteraves sur les marchés à terme, qui était en phase de test l’an dernier auprès des 100 premiers planteurs volontaires (dans la limite de 10 % de leurs volumes) sera étendu à tous les planteurs, et toujours dans la limite de 10 % des volumes de chacun. Le président de la NFU-Sugar (syndicat des betteraviers) y voit un intérêt pour l’ensemble de la filière, et s’attend à être copié par d’autres dans l’Union européenne, car « cela permet de moderniser nos manières de pensées et nos pratiques ». Pour ceux qui préfèrent un contrat à prix moyen, le prix annoncé est de 27 £/t (soit 31 €/t), révélateur des effets de la reprise mondiale dans ce pays déficitaire d’1 Mt de sucre.