Quatre-vingt-deux pour cent : c’est très exactement la proportion d’alcool contenue dans un flacon de 100 ml de parfum, soit 82 ml. « Mais on ne sent pas la betterave !, s’exclame le créateur de La Petite Madeleine, Guillaume Dufay. L’odeur est neutre ». Notons au passage qu’avec un tel dosage, on parle plutôt « d’eau de parfum », puisqu’un parfum est concentré à 40 % et non à 18 %, comme c’est le cas ici. L’idée de substituer l’alcool de betterave à l’habituel alcool éthylique ou, parfois, à l’alcool de blé, s’inscrit dans la logique du créateur : privilégier les produits les plus naturels et les plus proches possibles du siège de l’entreprise, à savoir la Technopole de l’Aube à Troyes. Si les flacons en verre sont achetés en Italie, les autres étapes de fabrication — remplissage, sérigraphie des flacons, fabrication des étuis, assemblage et logistique — sont toutes réalisées dans le département de l’Aube. L’alcool de betterave est garanti bio et local par le fournisseur, l’entreprise Charbonneaux-Brabant à Reims. C’est pour lui un vrai argument de vente. Quant aux bouchons, qui sont une des originalités de la marque, ils sont fabriqués en liège et en coquille Saint-Jacques bretonne, broyée et reconstituée.

Un produit artisanal

La gamme des eaux de parfum comprend aujourd’hui cinq références, bientôt six, auxquelles correspondent autant de savons, première activité lancée par La Petite Madeleine en 2021. Chaque fragrance a été formulée par un parfumeur de renom, grâce à l’entregent du fondateur de l’entreprise. Ingénieur en agroalimentaire de formation, il a fait toute sa carrière dans la parfumerie, d’abord chez L’Oréal, et plus particulièrement chez Roger&Gallet, puis chez Shiseido, une grande entreprise de cosmétique japonaise. Société dont il a démissionné pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et, dit-il, retrouver l’esprit originel de la vieille maison Roger&Gallet, avec des produits fabriqués manuellement. La Petite Madeleine, dont le nom s’inspire ouvertement de la fameuse madeleine de Proust, se positionne « sur le premier prix du haut de gamme ». Elle est commercialisée aussi bien en parfumerie que dans des boutiques spécialisées, en grands magasins et dans des concept stores, un peu partout en France. On peut aussi l’acheter sur le site de la marque. À 34 ans, Guillaume Dufay, qui fait un peu figure d’exception dans la parfumerie, où l’on trouve beaucoup plus de femmes que d’hommes, a déjà embauché un salarié, qui sera prochainement rejoint par un second. L’histoire ne fait que commencer pour La Petite Madeleine, dont la devise, « se souvenir des belles choses », en fera peut-être un jour un objet de nostalgie pour des générations d’utilisateurs.