L’intérêt de bandes fleuries pérennes pour créer des réservoirs de faune utile a été présenté au dernier colloque Écophyto, fin 2021. En Bretagne, le projet Fleur a évalué plus spécialement l’effet positif sur la présence d’insectes auxiliaires. « Les objectifs du projet étaient de déterminer les espèces à assembler pour augmenter l’efficacité des ennemis naturels », explique Joan van Baaren du CNRS de Rennes, qui a suivi le projet.

Effet refuge des bandes pérennes

Le premier effet recherché autour des parcelles de céréales d’hiver : réguler les populations de pucerons afin de diminuer la transmission de virus (JNO). Un mélange fleuri composé de quatre espèces de plantes peu coûteuses et non salissantes a été testé. Il contenait de la moutarde, des variétés de sarrasin, de la fèverole, du bleuet. Cette association produit des fleurs sur trois saisons minimum, avec leurs ressources de pollen et de nectar. La bande fleurie restant pérenne d’année en année, elle permet d’abriter sans interruption les auxiliaires et les insectes utiles. C’est en particulier un refuge favorable aux insectes prédateurs (carabes, staphylins et araignées) qui régulent certains parasites de cultures. « Nos résultats mettent en évidence l’importance de ces bandes fleuries pour favoriser les populations d’auxiliaires tout au long de l’année », ajoute Joan van Baaren. « Nous avons observé des effets positifs sur le taux de parasitisme et sur la régulation des ravageurs des cultures par leurs prédateurs et ennemis naturels ». En Suisse, les notations effectuées sur des bandes fleuries débutées il y a dix ans vont dans le même sens. « Les espèces à floraison précoce qui attirent les auxiliaires des cultures dans la parcelle, avant l’arrivée des ravageurs, sont particulièrement importantes pour favoriser le contrôle biologique de ces ravageurs », signale Matthias Tschumi de l’Institut des sciences agronomiques suisse. « On a pu le vérifier avec le sarrasin, la caméline et la moutarde des champs autour des cultures de pommes de terre ».

Bande intra-culture dans le colza

Dans les Hauts-de-France, l’effet des bandes fleuries sur les ravageurs du colza a été mesuré par le groupe « Semis direct Avenir 60 ». Le premier objectif de ce couvert est de limiter les populations d’altises grâce aux insectes auxiliaires. Les bandes fleuries sont ici mises en place non pas autour, mais à l’intérieur de la parcelle de colza. Elles utilisent la surface située entre les passages de roue du pulvérisateur. Deux essais ont été menés à Jouy-sous-Thelle en 2020-2021 et 2021-2022. Dans chacun des essais, la bande fleurie se compose du mélange auxil.couv (Caussade) comprenant 6 espèces (sarrasin, fenugrec, nyger, chia, phacélie, aneth) auxquelles sont ajoutés lotier, luzerne et trèfle. Les graines ont été semées en même temps que le colza, sur 4 mètres dans les passages de roue. Le couvert s’est bien développé dans le colza, avec une croissance visible dès mi-septembre. Quel est l’effet sur les altises? Les comptages indiquent que le nombre de larves, faible près de la bande fleurie, augmente quand on s’éloigne de la bordure. À 12 mètres de la bande fleurie, on dénombre deux fois plus de larves d’altises que sur cette bande. À la récolte, ce dispositif modifie peu ou pas le rendement du colza, avec toutefois un taux d’impuretés plus élevé sur la bordure. Après deux ans d’essais, les bandes fleuries prouvent leur intérêt pour diminuer le nombre de larves d’altises, tout en concurrençant peu le colza. Elles auraient également l’avantage d’être moins coûteuses qu’un colza associé à des légumineuses semées en plein.