Le président de Tereos estime que l’annonce de payer la betterave 41,85 €/t à 16° va peser dans les décisions des agriculteurs de renouveler leurs engagements dans une coopérative, dont les résultats sont aujourd’hui bien meilleurs.

On parle beaucoup du renouvellement des engagements des coopérateurs cette année. Quels sont les premiers retours ?

Aujourd’hui, 5 % des planteurs concernés par cette échéance nous ont écrit. On ne peut pas encore tirer de conclusions. Et je pense que notre annonce du 18 octobre dernier, relative à une forte augmentation du prix de la betterave, va peser dans les décisions.

Il y aura certes quelques baisses de surface, mais elles s’expliquent : ceux qui veulent réduire leurs surfaces de betteraves le font surtout pour des raisons agronomiques. S’ils ont un assolement très chargé en betteraves, on peut les comprendre.

Je constate aussi une inquiétude vis-à-vis du risque de jaunisse pour les années à venir. Mais il faut bien voir que certains rendements catastrophiques ont aussi été causés, en 2020, par la sécheresse. La coopérative a toujours surmonté les difficultés dans le passé. Ceux qui connaissent l’histoire de Tereos savent qu’il ne faut pas s’arrêter aux premières difficultés. Nous trouverons, avec la filière, des solutions contre la jaunisse.

Vous avez fait une enquête pour connaître les intentions des coopérateurs sur le long terme. Quels sont les résultats ?

Effectivement, durant l’été 2021, nous avons demandé aux coopérateurs quelles surfaces ils souhaitaient semer au terme de leur engagement. Cette enquête réalisée l’an dernier indique une baisse globale de 10 % pour les 5 prochaines années, jusqu’en 2025. Elle nous permettra d’ajuster notre outil industriel à ce que nos coopérateurs souhaitent produire. Je note qu’en décembre 2021, le niveau de réengagement des planteurs concernés était conforme à cette enquête. Je suis donc serein pour les prochaines échéances, car Tereos n’est plus la même coopérative qu’il y a 3 ans : le mode de gouvernance a été revu, l’organisation interne a évolué et nous avons complétement changé notre manière de commercialiser notre sucre. Notre politique de recherche de valeur porte ses fruits et les résultats de la coopérative sont bien meilleurs. Il y a une nette amélioration de la gestion industrielle, de la gestion commerciale et de la gestion financière.

Quels arguments mettez-vous en avant pour convaincre vos coopérateurs de se réengager ?

En tant que paysans, mon fils et moi veillons à l’équilibre agronomique dans notre ferme et nous répartissons les risques : la betterave y contribue. En empruntant un terme boursier, on peut dire que la betterave est une valeur de fonds de portefeuille. Je suis persuadé qu’elle continuera à contribuer aux bons résultats de l’exploitation.

Et le coopérateur Tereos a la chance d’être dans une belle entreprise, qui a certes connu des difficultés par le passé, mais qui a su, depuis maintenant plus de deux ans, se recentrer sur ses coopérateurs avec un même objectif : toujours mieux valoriser la betterave, mais aussi la pomme de terre fécule et la luzerne. Notre stratégie porte ses fruits, les résultats sont tangibles. Ce qui nous permet d’annoncer une forte augmentation du prix de la betterave. Je précise que les 41,85 €/t à 16° sont le résultat d’une grille de prix, déployée depuis quelques années, qui se base sur les performances de notre activité sucre en France. Dans ce prix, Tereos intègre ainsi toutes les hausses de coût de production (énergie, transport, etc…) et les augmentations de prix envers les clients.

Comment avez-vous fait pour répercuter la hausse des coûts chez vos clients ?

Cela a été difficile. Ce changement de stratégie commerciale est en place depuis 2021 et nous restons fidèles à notre politique commerciale, même en période de hausse de coût de production. Nos coûts de production ont explosé. Certains clients ont eu du mal à le comprendre, mais cela leur a été expliqué, c’est important. Vous savez, beaucoup de responsables parlent de souveraineté alimentaire. Nous, Tereos, nous en parlons peu mais nous y contribuons. Si le consommateur veut du sucre français, il faut de la betterave française et, pour avoir de la betterave française, il faut la payer. C’est ce que fait Tereos.

Passer la barre des 40 €, c’est historique ?

Effectivement, à l’époque des quotas, seules les betteraves du quota A atteignaient ce prix. Le quota B, le hors quota et l’alcool et l’éthanol étaient beaucoup moins payés, même si c’est difficilement comparable quand on prend en compte l’inflation. J’insiste, ces 41,85 €/t concernent toutes les betteraves livrées. Notre politique chez Tereos est : un même prix pour toutes les betteraves.

Êtes-vous confiant pour les années à venir ?

Oui, car les coopérateurs Tereos ont la chance de posséder collectivement un très bel outil de transformation. En étant coopérateur, ils ont la chance de capter la plus-value de la première transformation. L’avantage de Tereos est sa diversification. La branche amidon a déjà enregistré un bon résultat d’exploitation de 5 % cette année. Et il reste encore du travail à faire sur nos activités au Brésil. Nous avons engagé des audits agricoles et industriels sur l’activité brésilienne, comme nous l’avons déjà fait depuis le début de l’année 2021 sur nos activités en Europe. C’est notre grand dossier actuellement. La branche brésilienne doit faire mieux au niveau de la rentabilité. Quand la transformation sera terminée, nous serons en mesure de distribuer des dividendes aux coopérateurs.