Les planteurs franciliens ont massivement choisi de protéger leurs betteraves contre la jaunisse, puisque 99 % des parcelles étaient sous protection néonicotinoïdes. « Le 1 % restant correspond à quelques parcelles F8 ou conduites en agriculture biologique », a révélé Hugues Bergamini, responsable régional de l’Institut technique de la betterave (ITB) d’Île-de-France, lors du comité technique le jeudi 5 janvier 2023, à Crisenoy en Seine-et-Marne. Les premiers pucerons verts ont été observés vers le 20 avril (stade 2 feuilles) dans les parcelles traitées F8 et le 10 mai pour les parcelles protégées par les néonicotinoïdes (stade10-12 feuilles). Les premiers symptômes de jaunisse ont été visibles au début du mois de juillet avec des gravités allant jusqu’à 100 % dans les parcelles biologiques. Avec la protection néonicotinoïdes, la jaunisse est aussi présente, mais uniquement sous forme de ronds isolés.

Les essais réalisés au lycée agricole de Brie-Comte-Robert ont montré que le Movento est le produit le plus efficace. Mais il faut traiter au bon moment en s’aidant de l’outil Alerte pucerons que l’on trouve sur le site internet de l’ITB, ou en flashant le QR code présent sur le « Pense-betterave », distribué avec ce numéro du Betteravier français.

Fabienne Maupas, directrice du département technique et scientifique de l’ITB a fait le point sur le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI). Plusieurs techniques sont testées (voir tableau). « On constate globalement une baisse des pucerons d’environ 50 % avec les graminées et une baisse plus faible avec la féverole », explique Fabienne Maupas. Mais la variabilité des résultats est plus forte que pour les produits phytosanitaires. « L’enjeu des recherches est de trouver la densité minimale pour ces plantes compagnes, car la betterave est fortement concurrencée. La destruction de l’avoine doit se faire avant le stade 6 feuilles pour éviter de trop fortes pertes ». Quant au Mycotal Squad, un insecticide biologique à base de champignon entomopathogène, il donne des résultats très variables en fonction des situations climatiques, tout comme les œufs de chrysopes. Des solutions qui ne sécurisent pas les planteurs face aux risques de jaunisse !

Désherbage très difficile

Si les semis se sont déroulés dans de bonnes conditions, puisque 50 % étaient réalisés au 22 mars, les faibles précipitations du mois de mai ont entraîné des difficultés de désherbage chimique. Chénopodes et ray-grass n’ont pas toujours été détruits, et 20 % des désherbages ont ainsi été notés par l’ITB comme « insuffisants ». Le responsable régional, Hugues Bergamini, a cité plusieurs causes possibles de ces échecs : une hygrométrie trop faible lors des passages, des historiques de la parcelle, ou un délai trop long (supérieurs à 7 jours) entre les traitements, surtout entre T2 et T3. Les produits racinaires n’ont pas été assez efficaces.

À noter que les nouvelles buses anti-dérives à injection d’air obtiennent de moins bons résultats pour le désherbage à bas volumes. (Voir pages ITB dans le BF 1156).

« Le binage a été indispensable en 2022 », a déclaré Hugues Bergamini, qui a invité les planteurs à venir les 16 et 17 mai prochains voir les différents matériels présents sur le marché, lors d’une démonstration qui se tiendra à Santeau dans le Loiret.

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