Le changement climatique s’installe et l’assurance récolte a été rénovée. Mais Groupama ne constate pas encore le « choc assurantiel » attendu avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier, de la réforme de l’assurance récolte. « La réforme reste complexe à mettre en œuvre », a admis le directeur des relations institutionnelles, Pascal Viné, lors d’une conférence de presse le 27 mars. Chez Groupama, on voit donc 2023 comme une année de transition avant une montée en puissance du dispositif l’année prochaine.

L’assureur constate déjà une croissance brute des surfaces assurées de 550 000 ha. En grandes cultures, alors que la campagne de souscription se terminait le 30 mars, Groupama enregistrait « 500 M€ de capitaux assurés complémentaires, soit une augmentation de 15 % », a ajouté la directrice du marché agricole, Nadia Roignant Creis. Groupama constate en revanche une appétence nouvelle pour l’assurance prairie, avec 2 700 contrats souscrits depuis le 1er janvier, contre 110 contrats souscrits l’an passé. Cela correspond à plus 270 000 ha et près de 220 M€ de capitaux assurés.

L’agriculteur est mieux protégé

Pourtant, selon l’assureur, l’agriculteur est désormais mieux protégé grâce à un accès au fonds de solidarité nationale (FSN) qui se déclenche à 50 % de pertes pour les grandes cultures, une subvention à 70 % de la prime d’assurance et une franchise à 20 % qui déclenchera plus souvent le versement des indemnités. Mais les agriculteurs s’interrogent sur le nouveau dispositif, alors que leur moyenne olympique est impactée par les aléas climatiques, ce qui tend à réduire le niveau d’indemnisation.

« Hier, nous étions sur dispositif forfaitaire déclenché par arrêté préfectoral et il fallait au mieux 10 à 12 mois pour toucher une indemnité. Demain, l’indemnisation sera basée sur un historique de production de l’exploitant. L’assureur choisi par l’agriculteur viendra évaluer les pertes sur son exploitation, il faudra quelques semaines pour toucher les indemnités de l’assureur ou du fonds de solidarité national », a expliqué François Schmitt, qui prendra la présidence de Groupama en juin prochain.

L’année 2024 sera une année de pleine réforme, veulent croire les dirigeants de Groupama. L’ambition de la réforme de l’assurance récolte est de passer de 30 % de surfaces actuellement assurées en grandes cultures à 60 % dans le futur. D’ici là, il reste à mettre en place le dispositif d’interlocuteur agréé pour les agriculteurs non-assurés. Les assureurs vont en effet gérer les dossiers de calamité pour le compte de l’État. Ils devront donc développer des capacités d’analyse et d’expertise complémentaires. Les travaux doivent reprendre avec les pouvoirs publics afin d’être prêts dès le début de la prochaine campagne.