Après les preuves d’efficacité puis celles sur la création de valeur, le biocontrôle entame la phase d’accélération de son adoption dans les itinéraires agronomiques. Recherche, formation et demandes d’évolution réglementaire balisent la piste.

60 % des usages devraient être couverts par au moins une solution de biocontrôle en 2025, selon la feuille de route de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle publiée en 2020. « Au 31 décembre 2022, nous avons atteint 55% : nous sommes plus que confiants », partage Denis Longevialle, directeur général d’IBMA France, l’interprofession du biocontrôle. Côté parts de marché, IBMA attend une hausse significative avec son baromètre 2022 à paraître fin juin ; ses 40 adhérents captaient 13 % en 2021. Dans ce cadre, que signifie accélérer ? « Renforcer la formation, soutenir la recherche et l’innovation pour couvrir une majorité d’usages avec au moins deux solutions de biocontrôle à modes d’actions complémentaires et raccourcir les délais de mise sur le marché des solutions nécessitant une autorisation (AMM) et, avant tout, des approbations de substances actives », répond Denis Longevialle.

Grand défi du biocontrôle et des biostimulants

Si les 42 % des adhérents ayant répondu à l’enquête interne d’IBMA, de janvier 2022, prévoyaient un total de 45 nouvelles solutions de biocontrôle entre 2022 et 2027, dont cinq en grandes cultures, pour aller plus vite, le Grand défi biocontrôle et biostimulants serait lancé en 2023. Doté d’une enveloppe de 42 M€ de fonds France 2030, abondés de 18 M€ de fonds privés, il est piloté par le ministère de l’Agriculture et l’agence nationale de la recherche (ANR) en sera l’opérateur. IBMA, l’interprofession des biostimulants (AFAÏA), l’Acta et l’Inrae ont débuté les travaux en 2022. Depuis, des expérimentateurs, des pôles de compétitivité, La Coopération Agricole, la fédération du négoce agricole (FNA) et des entreprises de l’agroalimentaire ont rejoint ce grand projet qui serait lancé en 2023 avec une précision des contours espérée avant l’été. « Avec ce nouveau dispositif, nous sommes dans l’accompagnement d’innovations plus proches de leur commercialisation », ajoute le directeur d’IBMA. De son côté, le Consortium biocontrôle créé en 2016 (rassemblant acteurs publics et privés de la recherche), devrait s’arrêter après décembre.

Former massivement

Le biocontrôle n’échappe pas à la règle des lenteurs pour son évaluation ! « Un de nos adhérents confiait récemment avoir reçu en 2022 une proposition de premier rendez-vous par l’Anses en 2027, pour la prise en compte administrative de son dossier de demande d’approbation d’une nouvelle substance active… Cinq ans : ubuesque ! », partage Denis Longevialle. IBMA se réjouit de l’intégration de la définition du biocontrôle dans le futur règlement européen sur l’utilisation durable des pesticides, SUR (Sustainable Use Regulation). « Même si cette définition est encore perfectible, cette future reconnaissance du biocontrôle ouvre la voie à d’autres mesures à prendre en compte rapidement comme la nécessité de fixer des délais bien plus courts pour l’approbation des substances actives de biocontrôle ». Enfin, autre levier, connecté aux attentes du terrain en termes d’agronomie : former, massivement. « Certains pensent encore à tort que le biocontrôle, ce n’est que pour la bio ! », ajoute Denis Longevialle. IBMA est ainsi partenaire de deux projets dans ce domaine. Le premier, Efor2Bio, doit recenser l’existant et les besoins. Le second, Digi-Agro, élabore, sur trois ans, 25 programmes de formation, dont cinq en grandes cultures.