Déchaumer et préparer un lit de semences en un passage, détruire un couvert végétal, restructurer le sol, semer, avec le même outil : on y vient. Le déchaumeur et les multiples façons de l’équiper en font un couteau suisse. C’est ce que les constructeurs nomment la polyvalence de la machine à laquelle, pour d’évidentes raisons économiques, les agriculteurs ne sont pas insensibles. Pourquoi faire avec deux ce que l’on peut accomplir avec un ? Avec le Karat 10, dont la commercialisation a débuté cette année, Lemken illustre la tendance. « La machine est dotée de dents dont l’extrémité est composée d’un pied de soc à démontage rapide. Cela l’adapte avec facilité à des travaux différents. Un scalpage au ras du sol ou, au contraire, une intervention plus en profondeur », souligne Jean-Luc Farges, responsable des matériels de travail du sol chez Lemken France. Le Karat change d’aspect en un clin d’œil. Il peut scalper avec les socs G37 du constructeur allemand, déchaumer à 5-10 cm de profondeur, effectuer un pseudo-labour – avant un semis de colza, entre autres – avec des dents aux pointes moins larges, sans ailerons, descendant jusqu’à 30 cm. Une dent spéciale lui permet de fissurer une terre en profondeur sans chambouler le dessus du sol. L’outil se montre aussi à l’aise dans un semis puisqu’il est combinable avec un semoir de couvert végétal Sepeba ou APV. « Nous avons passé un accord avec APV pour la fabrication d’une trémie et d’un dispositif de semis à nos couleurs. La trémie offre un volume de 200 ou 500 litres et reçoit une ventilation électrique ou hydraulique, détaille Jean-Luc Farges. C’est le bon système pour implanter une moutarde, un radis chinois ou une phacélie. Si l’on fait du semis à la volée, il est aussi possible d’utiliser la trémie frontale Solitair 23 ».

Semelle de labour

Que dire alors du Terrano de Horsch ! Les versions FX – la première sortie – et GX savent à peu près tout faire. Si l’on veut scalper à 4 cm de profondeur, les dents utilisent des ailettes (les Terra Cut du constructeur bavarois). Cette dent servira pour détruire une luzerne ou tout couvert végétal et on pourra toujours marier le déchaumeur avec, devant le tracteur, le rouleau hacheur Cultro TC. Pour programmer un mélange terre-paille après la moisson entre 8 et 15 cm de profondeur, l’association d’une pointe et de deux ailettes (Mulch Mix) convient le mieux. Autres exemples, pour restructurer le sol – l’outil est également indiqué pour rompre une semelle de labour –, le déchaumeur peut recevoir deux types de pointes (LD pour Low Disturbance ou ULD pour Ultra Low Disturbance), larges de 4 cm et capables d’atteindre jusqu’à 25-30 cm dans le sol. « Le Terrano apporte d’autres solutions, observe Florent Hugon, responsable du travail du sol chez Horsch France. Grâce à une trémie de 400 litres pourvue d’une soufflerie hydraulique et d’un doseur, ou en l’associant avec une trémie frontale (Partner FT) de 1 600 ou 2 200 litres, il peut semer un couvert végétal ou incorporer un engrais derrière les dents. Les trémies sont pressurisées et permettent un grand débit ». Ultime élément, un rouleau crée une terre fine et rappuie.

Disques et dents

Chez Amazone, la polyvalence recherchée sur un déchaumeur comme le Ceus a conduit, dès son lancement en 2018, à combiner deux rangées de disques de 510 mm de diamètre espacées de 12,5 cm et trois rangées de dents interlignées de 400 mm. « L’idée était de confier un travail superficiel aux disques et un autre, spécifique, aux dents, configurables de plusieurs manières », rappelle Olivier Groué, responsable du marketing d’Amazone France. Le pari a été gagné chez les agriculteurs allemands et d’Europe centrale et orientale pour lesquels le fait de déchaumer une parcelle et d’y préparer le lit de semences en un seul passage du Ceus, a été bien accueilli. Quant à la France ? « Nous y venons. C’est une technique intéressante, en particulier sur le plan économique », se réjouit Olivier Groué. À cet effet, le déchaumeur travaille plus en profondeur (à 10-15 cm) avec ses dents tandis que les disques interviennent à 8 cm environ. Les socs sont montés avec des versoirs, d’où une bonne remontée de terre. « La préparation d’un semis de colza derrière un blé est un cas de figure classique. La machine crée une terre diluée et fine. Les socs utilisés ont une largeur de 80 ou 100 mm », précise Olivier Groué. Le Ceus est aussi très utilisé pour un scalpage. Il est préparé à l’avant par les disques qui ont haché la matière végétale et rendu encore plus efficace, selon Amazone, par la courbure des pointes vers l’arrière. Le Ceus peut aussi restructurer le sol, disques relevés, et participer à un semis avec une trémie de 500 litres ou une frontale de 1 600 ou 2 200 litres. La semence est envoyée derrière les dents ou dans les disques de nivellement. On peut associer une semence et un engrais, en différenciant la profondeur d’implantation de l’une par rapport à l’autre, ou semer deux semences différentes. Il faut noter la possibilité de travailler rouleau de réappui relevé. Amazone a placé les dents du Ceus de telle sorte qu’elles effacent les traces de roue.