Jusqu’à présent, l’utilisation de traitements insecticides s’est montrée inefficace pour limiter les dégâts du ravageur en betterave sucrière, c’est pourquoi la filière betteravière s’est réunie autour d’un projet commun pour chercher ensemble des solutions alternatives. En plus de tester des stratégies de lutte basées sur les comportements variétaux, des nouveaux produits phytosanitaires ou des plantes de service, les acteurs de la filière cherchent à identifier les zones refuges de l’insecte pendant l’hiver, afin de mieux anticiper les zones à risque.

Trouver les zones refuges pour mieux anticiper les lieux d’arrivée

Les recherches des sites d’hivernation se sont portées sur plusieurs environnements proches d’une parcelle très infestée en 2022, en combinant différentes techniques d’échantillonnage et de piégeage présentés sur la carte ci-dessous. Les recherches de charançons dans le sol, dans la végétation ou sous l’écorce des arbres n’ont rien donné durant l’hiver, mais les pièges et le fauchage au printemps ont permis de capturer 4 individus. Trois d’entre eux ont été prélevés au nord de l’ancienne parcelle de betterave près du bosquet ou dans la bordure tandis que le quatrième se cachait dans le colza, à plusieurs centaines de mètres au sud. Bien que le nombre de captures soit faible, les quelques individus échantillonnés donnent tout de même de précieux indices pour poursuivre les recherches l’année prochaine.

Des plantes pièges pour les repousser…

En 2022, un premier essai testant l’efficacité des plantes compagnes sur l’intensité des attaques de charançons avait montré une diminution du nombre de pontes en présence de féverole ou d’avoine. Pour valider ce résultat, l’ITB réitère cette expérience en 2023.

… Des plantes pièges pour les attirer

Les essais mis en place l’an dernier pour tester l’utilisation de zones pièges avaient montré que la femelle charançon attaquait davantage les betteraves fourragères que les betteraves sucrières. Fort de ce constat, plusieurs scénarios utilisant des betteraves fourragères comme plantes pièges sont testés en 2023, afin d’évaluer l’efficacité de ces zones pièges à réduire les dégâts causés par le ravageur.

La filière betterave rassemblée autour du projet Ubelix

Les trois expériences présentées plus haut s’inscrivent dans le projet Ubelix, qui réunit la filière betteravière autour de la recherche de nouvelles solutions pour lutter contre le Lixus. L’objectif du projet est d’évaluer l’efficacité d’une stratégie de push-pull alliant plantes compagnes et zones pièges pour réduire les dégâts causés par le ravageur. Porté par la FNAMS, ce projet intègre les sucreries Cristal Union et Tereos, la Chambre d’Agriculture du Loiret, le Laboratoire d’éco-entomologie d’Orléans, l’Inrae et l’ITB.

Autres expériences mises en place pour comprendre l’écologie du Lixus

En plus des essais impliquant des plantes de service, l’ITB met en place en 2023 deux expériences importantes pour mieux comprendre la dynamique d’infestation du charançon et accroître les connaissances sur les auxiliaires naturellement présents dans l’environnement.

Pour mieux analyser à quelle vitesse les femelles charançons colonisent et se propagent dans les parcelles de betteraves, 3 sites touchés par le ravageur seront suivis entre juin et août pour observer la dynamique de pontes. En suivant les mêmes betteraves au cours du temps, les chercheurs pourront évaluer la vitesse de propagation de l’insecte que ainsi ses capacités de déplacement.

En 2022, l’ITB avait pu mettre en évidence la présence de plusieurs espèces de parasitoïdes s’attaquant aux larves du charançon dans les différents départements touchés par le ravageur. De nouveaux échantillonnages sont prévus cette année pour évaluer la diversité et la prévalence de ces auxiliaires au cours de la saison. Une expérience supplémentaire est également prévue pour tenter d’observer ou d’identifier d’éventuels prédateurs ou parasitoïdes oophages (s’attaquant aux œufs), dont des traces ont été observées sur les trous de pontes en 2022.