Allier la performance technique et environnementale, c’est le pari de la coopérative agricole Terre de lin basée à Saint-Pierre-le-Viger en Seine-Maritime, qui s’est associée au constructeur Alpine pour utiliser les composites à base de lin. Le 11 juillet dernier, le tout nouveau prototype de la célèbre voiture A 110 E 100 % électrique a été présenté à Dieppe, non loin du catamaran We Explore de Roland Jourdain, réalisé à 50 % en lin et amarré dans le port de plaisance normand.
« C’est une transposition du composite carbone et verre pour réaliser de nouvelles pièces avec des fibres de lin », explique Florent Hubert, ingénieur développement chez Alpine.
Pour le constructeur de voitures de sport, le lin est un matériau prometteur avec une résistance proche de celle du carbone et une meilleure acoustique.

« Avant, on utilisait du carbone pour ses propriétés mécaniques et l’allégement de la voiture de sport. L’avantage du lin, c’est d’être un produit naturel qui nous permet de décarboner nos pièces mécaniques et de conserver l’allégement de nos véhicules, donc l’ADN d’Alpine », poursuit l’ingénieur développement chez Alpine.
Les fibres de lin provenant de la coopérative Terre de lin se retrouvent dans plusieurs pièces de carrosserie, telles que la peau du capot moteur, du pavillon, de la lunette arrière, de la grille, des coques de siège et de la jupe arrière. Le lin possède des propriétés intéressantes pour les utilisations composites dans plusieurs domaines comme les sports et loisirs (skis Salomon, casques), le design, la mobilité (pièces intérieures de voitures), les bateaux de plaisance ou de course.
Le catamaran We Explore du skipper Roland Jourdain, qui a participé à la dernière route du Rhum, est constitué à 50 % de fibres de lin provenant de la coopérative normande. Avec la livraison du pont du catamaran, la coopérative Terre de lin a ainsi réalisé la plus grande pièce en fibre de lin : 18 X 8 mètres !
« Avec ce projet, nous sommes très heureux qu’il soit possible de remplacer le composite carboné par du composite végétal », déclare Guillaume Hémeryck, président de Terre de lin.
La coopérative maîtrise toutes les étapes de la semence à la fibre, jusqu’à la réalisation de composites.

La fibre de lin dans les matériaux composites semble promise à un bel avenir si l’on en croit Laurent Cazenave, responsable de la communication chez Terre de lin. « Pour le moment, 100 tonnes de lin sur les 35 000 tonnes que nous produisons deviennent des composites, mais nous avons un objectif à court terme d’atteindre les 1 000 tonnes ».