Le sucrier Tereos a signé, le 28 août, un protocole d’accord avec la société belge Agristo, pour installer une unité de production de produits surgelés à base de pomme de terre sur le site de l’ancienne sucrerie d’Escaudoeuvres.

Agristo est une entreprise familiale belge spécialisée dans la fabrication de produits de pommes de terre surgelés. Elle est devenue, en 37 ans, un acteur agroalimentaire mondial présent sur les cinq continents et qui emploie 1 200 collaborateurs. Agristo a produit l’année dernière 850 000 tonnes de produits finis, distribués dans le commerce de détail et en restauration, pour un chiffre d’affaires de 900 millions d’euros.

L’entreprise dispose de quatre sites de production en Belgique et aux Pays-Bas, mais souhaite poursuivre son développement et s’implanter en France, son deuxième marché en termes de vente. Elle explique qu’un investissement dans le Nord de la France « est une étape logique dans la stratégie de croissance d’Agristo. En plus d’avoir un bassin d’agriculteurs expérimentés dans la culture de la pomme de terre, il y existe de bonnes connexions logistiques ».

Le projet de réindustrialisation du site d’Escaudoeuvres va se découper en plusieurs séquences : une étape de démontage de l’usine existante et de préparation du terrain qui pourrait commencer en 2023, un début de construction pour 2025 et un démarrage de la production espéré au deuxième semestre 2027.

Le futur site d’une superficie industrielle d’une vingtaine d’hectares, proposera deux lignes de production, dans une première phase. La capacité de production annuelle sera de 300 000 tonnes de produits finis à partir de 500 000 tonnes de pommes de terre. Agristo prévoit d’investir 350 millions d’euros et de créer 350 emplois.

Partenariats avec 200 à 250 agriculteurs

La nouvelle implantation permettra de nouer de nouveaux partenariats avec 200 à 250 nouveaux agriculteurs, tous situés à moins de 150 km de l’usine.

Cette nouvelle est accueillie avec satisfaction par l’Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre (UNPT) puisqu’elle offre « une nouvelle opportunité pour développer la production de pommes de terre en France ». Le syndicat des producteurs demande cependant à Agristo « de s’engager, dès à présent, dans une réflexion étroite avec la production, soucieuse de structurer collectivement l’offre ».

« L’arrivée d’un nouvel industriel de la pomme de terre est une bonne chose pour la filière française », estime Alain Dequeker. Mais le secrétaire général de l’UNPT regrette que la signature de la vente du site d’Escaudoeuvres se soit faite seulement en présence du ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. « Je pense qu’il aurait été aussi important que le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, soit associé à cet investissement. Si l’on veut réindustrialiser la France avec l’installation d’usines de transformation, il faut en effet mettre en place tout un écosystème favorable au développement harmonieux de la pomme de terre. C’est un défi pour les services de l’État et les organisations agricoles. Il va y avoir un gros travail de développement. Agristo est le 3e industriel belge à annoncer une arrivée en France après Clarebout à Dunkerque et Ecofrost à Peronne. D’ici 2027, il faudra donc trouver 50 000 ha de plus. La production de pommes de terre devra se développer, si l’on veut qu’il y ait toujours autant de production de plants et de fécule dans la région. »

L’arrivée d’un nouvel industriel de la pomme de terre va avoir un effet sur le développement de l’agriculture dans les Hauts-de-France. Dans le cas d’Agristo, qui veut transformer 500 000 t de pommes de terre, cela signifie la plantation de 12 à 15 000 ha supplémentaires. Cela nécessite des investissements dans les fermes, les CUMA ou les ETA. Alain Dequeker fait un rapide calcul : « l’achat de 60 automotrices, dont le coût est d’environ 700 000 €, représente quasiment 40 millions d’euros. Il faut également planter, transporter et stocker les pommes de terre. Pour stocker 500 000 tonnes de pommes de terre, il faut environ 200 bâtiments de stockage de 2 000 tonnes, à 800 000 € chacun. L’amont agricole devra donc investir à peu près autant que les 350 M€ de l’industriel. »