Chaque année, des accidents mortels se produisent. Ils ont beau être en diminution, la majorité d’entre eux aurait pu être évités. C’est ce qui ressort de l’analyse de l’Office Français de la Biodiversité (OFB). On notera que sur les cas étudiés, tous avaient pour cadre le grand gibier. Si le petit plomb pardonne souvent, la balle, qu’il s’agisse d’une Brenneke pour fusils à canons lisses ou de projectiles pour carabines, pardonne rarement. Et pour cause ! Ces munitions sont conçues pour provoquer une mort foudroyante. Et l’humain est moins résistant que l’animal…

Cas n°1 : auto-accident

La fin de battue vient d’être sonnée. Un chasseur posté, âgé de 85 ans, quitte son poste. Son fusil à canons lisses basculants est toujours chargé de deux cartouches. Il rejoint son véhicule. Ouvrant la portière conducteur, il pose l’arme sur le siège, les canons tournés vers l’extérieur. La détente accroche quelque chose, peut-être la ceinture de sécurité et le coup part. Touché à bout portant en plein thorax, il meurt immédiatement.

L’imprudence est patente. Après la battue, on doit automatiquement décharger son arme. Avant d’arriver à la voiture, il convient de vérifier, une fois encore, que l’arme est neutralisée.

Cas n°2 : abandon de poste

Voici une petite chasse collective au grand gibier (5 postés et 2 rabatteurs). Un sanglier est au ferme. Deux rabatteurs s’en approchent… ainsi qu’un posté, qui quitte la ligne sans que les rabatteurs le sachent. Le sanglier s’échappe. Un rabatteur âgé de 34 ans épaule et tire une seule fois, avec une balle de fusil à canons lisses. Il loupe l’animal, mais frappe le posté qui se trouve à cinquante mètres de lui. Il ne l’a pas vu, en dépit de ses vêtements orange. Touchée au ventre, la victime décède.

Le posté n’aurait jamais dû bouger mais, alerté pas le ferme, il a voulu prêter main-forte sans se signaler. Une erreur manifeste et qui lui a coûté la vie. Certes, il n’a pas eu de chance. En effet, la balle avait bien peu de chance de le toucher et pourtant…

Cas n°3 : fusil à l’horizontal

A la suite d’une remise de sangliers dans un bois, une battue est improvisée. Un chasseur de 69 ans est posté et porte une carabine semi-automatique. Il est accompagné de sa femme, qui le suit régulièrement. Ce chasseur reçoit sur son portable un appel d’un ami qui se trouve à côté des voitures en stationnement. Comme la communication est mauvaise, il décide de se déplacer et de le rejoindre. Il quitte donc son poste en pleine battue et place son arme chargée de trois cartouches sur son épaule. Il ne la tient pas à la verticale. Les canons sont dirigés à l’horizontale vers l’arrière. Son téléphone sonne à nouveau. En voulant le saisir dans la poche de son pantalon, il accroche la détente. Le coup part, tuant sa femme sur le coup.

On ne quitte pas une battue en cours. Première erreur. En quittant la chasse, il faut décharger son arme. Seconde erreur. Et on tient le fusil sur l’épaule à la verticale. Troisième erreur.

Cas n°4 : accident au mirador

Affût du soir au sanglier. Deux chasseurs vont se poster sur deux miradors séparés.

Le premier, âgé de 63 ans, porteur d’un semi-automatique de calibre 12, monte dans son affût tandis que son ami s’éloigne.

Quelques secondes plus tard et alors qu’il n’a pas rejoint son affût, il entend une détonation suivie de cris. Il fait demi-tour pour porter secours à son ami et voit qu’il s’est tiré une balle dans la jambe à bout portant. Il appelle aussitôt les pompiers, mais la balle a probablement sectionné une artère et le blessé meurt.

Erreur de manipulation. L’arme a été chargée trop vite, sans respecter les consignes de sécurité, c’est-à-dire sans être installé au poste. Les canons étaient dirigés vers les jambes. L’arme n’était pas sécurisée, autrement dit elle était fermée. Quelque chose a accroché la détente, à moins que ce ne soit la main du chasseur.

Deux autres cas sont toujours concernés par « l’enquête judiciaire ».

L’auteur reste présumé innocent et les circonstances précises restent à établir. Voici ce que l’on sait.

Cas n°5 : entre postés

Battue de grand gibier. 11 participants et 1 accompagnateur non armé.

L’auteur présumé, âgé de 63 ans, posté au sol, tire un chevreuil à quinze mètres avec une balle de calibre 12. Il rate l’animal mais touche le voisin également posté à 25 mètres environ. Ricochet ? Tir en direction de la ligne qui était courbe ? Nous l’ignorons.

Cas n°6 : tir dans la traque

Une battue au sanglier. La victime est un chasseur traqueur armé.

Personne n’est à l’abri d’une faute de jugement, d’une distraction, d’un emportement. C’est la raison pour laquelle il faut constamment penser à la sécurité, vérifier et contre-vérifier, rabâcher mentalement les règles de base, « casser » son fusil, et penser à décharger l’arme.

Ce compte rendu est un salutaire rappel aux fondamentaux.