« L’inaction de la Commission est une incitation claire à encourager la délocalisation des investissements et des usines de l’UE vers l’Ukraine », déclare la Confédération internationale des betteraviers européens (CIBE) dans un communiqué du 13 décembre.

Les planteurs européens s’inquiètent de l’explosion des importations de sucre en provenance d’Ukraine depuis la suspension temporaire des droits de douane et des quotas en juin 2022. Pour cette campagne de commercialisation (2023-2024), les autorités ukrainiennes prévoient en effet d’importer plus de 30 fois le quota d’importation annuel de l’Ukraine (20 000 tonnes de sucre).

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Semences traitées aux néonicotinoïdes

« Contrairement aux récentes déclarations de la Commission, l’impact de ces flux d’importation sur les producteurs de betteraves sucrières est significatif », poursuit la CIBE.

Les betteraviers européens insistent sur l’urgence de mettre en œuvre des mesures pour corriger ces impacts négatifs sur les agriculteurs et les sucreries des États membres. « Ils se sentent trahis et sont scandalisés par le double standard de la Commission, qui interdit dans l’UE de nombreuses substances actives utilisées pour protéger les betteraves sucrières, telles que les semences traitées aux néonicotinoïdes, tout en fermant les yeux sur les importations massives de sucre provenant de betteraves ukrainiennes, pour lesquelles l’utilisation de ces substances actives est autorisée, et qui ne sont donc pas compatibles avec le « Green Deal » européen ».

Le président de la commission des affaires économiques et générales de la CIBE, Guillaume Gandon (par ailleurs vice-président de la CGB) déclare : « Nous soutenons pleinement nos collègues ukrainiens, mais les agriculteurs européens n’ont malheureusement pas les moyens de servir de variable d’ajustement. Avec le Copa-Cogeca et d’autres organisations dont les membres sont également très affectés, nous avons proposé des dispositions concrètes et nous demandons maintenant à la Commission et au Conseil d’agir et de décider, car certains États membres prennent déjà des décisions autonomes pour fermer leurs frontières aux importations dommageables en provenance d’Ukraine ». Guillaume Gandon fait référence à la Slovaquie, qui a interdit les importations de sucre venant d’Ukraine depuis le 30 novembre, et à la Roumanie qui s’apprête à en faire de même.