ITB Aisne : les variétés au centre de la lutte contre la cercosporiose

La délégation de l’ITB de l’Aisne a ouvert le bal des comités techniques qui vont se dérouler jusqu’au 19 janvier. L’occasion de peaufiner son programme de désherbage et de lutte contre la cercosporiose.

Le désherbage contre les dicotylédones et les graminées est une étape importante dans la technique betteravière, a rappelé le responsable régional, François Coutaux, lors d’une visioconférence que l’on peut visionner en replay sur le site de l’ITB.

Les deux principales adventices qui posent problème sont Ammi majus et chénopode. L’ITB a travaillé sur la pré-émergence sur les ombellifères : « nous voyons une nette efficacité des programmes de pré-émergence en termes de propreté, avec des produits à base de quinmérac », explique François Coutaux. Au cas où l’on n’a pas pu traiter en pré-émergence, la stratégie est d’allier Goltix Silver et Safari Duo. Le point important est la qualité de la pulvérisation. « Attention aux buses anti-dérive utilisées avec des doses d’eau trop faibles. On conseille au minimum 150 l/ha, voire 200 l/ha ».

L’année 2024 marquera l’arrêt du S-Métolachlore, c’est donc la dernière année d’utilisation pour le Mercantor Gold et les produits similaires. Les dates d’arrêt seront connues d’ici quelques semaines. Et puis, il y a le retrait de l’AMM de l’Avadex 480, produit très efficace sur les graminées. La date limite de commercialisation est le 29 mars 2024 et la date limite d’utilisation, le 29 mars 2025. Ceux qui sèmeront tôt pourront donc encore l’utiliser dans 2 ans !

La solution chimique contre les graminées sera ainsi d’augmenter les doses de cléthodime, ajouter par exemple de l’Isard à 0,6 et travailler la sur-adjuvantation avec l’Actirob, ou un nouveau produit – l’Exsentia (huile et sulfate d’ammonium) – avec Actirob.

Un feuillage sain, c’est possible

Le responsable adjoint de l’Aisne, Jean-Charles Germain, a insisté sur la pression de la cercosporiose qui augmente, ce qui explique, en partie, la baisse de la richesse en sucre en fin de campagne. « Mais on voit aussi des parcelles avec du feuillage sain, ce qui montre que c’est possible », insiste-t-il. Pour lutter contre la cercosporiose, il faut choisir des variétés tolérantes et appliquer des produits performants au bon moment. « Vous traitez vos blés selon la variété, alors qu’en betterave, peu de gens savent quelle variété ils ont semé lors des traitements ». Le choix de produits efficaces, l’ajout de l’Airone SC (750 g/ha) et le bon positionnement des traitements par rapport à l’arrivée et au développement de la cercosporiose, sont les autres éléments essentiels au contrôle de la maladie. Jean-Charles Germain conseille de gérer les applications, ni trop tôt, ni trop tard… Et de s’informer à l’aide de l’OAD Alerte maladies, les SMS de la filière et les notes d’information régionales.

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ITB Centre-Val de Loire : Comprendre pourquoi il y a de la jaunisse

Le comité technique le 20 décembre à Janville-en Beauce fut l’occasion de comprendre la richesse décevante et les attaques de jaunisse concentrée dans l’Eure-et-Loir.

La déception de cette campagne provient d’un niveau de richesse faible qui n’excède pas 17°S. « C’est la conséquence d’un cumul de pluies élevé en août et septembre et d’une pression de la cercosporiose insuffisamment contrôlée pour les arrachages au-delà du 15 octobre », a résumé Pierre Houdmon, responsable ITB pour la région Centre.

Comme toutes les régions betteravières, le Centre-Val de Loire a connu des épisodes de précipitations intenses pendant la période d’arrachage : plus de 200 mm de pluies sont tombés du 15 octobre au 11 décembre. Dans ces conditions, le risque de tassement en profondeur est important. Face à cette problématique, de nombreux leviers sont mobilisables, comme opter pour 3 essieux ou organiser la circulation dans la parcelle, en ne chargeant pas à fond la trémie, par exemple. En revanche, « la marche en crabe n’est pas forcément une bonne idée, car c’est la charge du premier passage qui fait le tassement en profondeur. Il vaut mieux prendre plusieurs fois le même chemin », a expliqué Thomas Leborgne, chargé de mission agroéquipement.

Jaunisse tardive

Si la jaunisse virale a été globalement maitrisée en France, le département d’Eure-et-Loir a été confronté tardivement à la jaunisse, avec des symptômes qui sont apparus le 25 juin, puis le niveau de gravité a augmenté durant tout le mois de juillet. « On a identifié les 3 virus dans ces parcelles et le BYV de la jaunisse grave a été très présent », a révélé Pierre Houdmon.

Face à cette situation récurrente dans la région, l’ITB a bâti un modèle d’estimation de la jaunisse par satellite sur l’ensemble des parcelles du département, complétée par des enquêtes sur l’itinéraire cultural des agriculteurs. « On essaie de comprendre pourquoi des parcelles sont faiblement impactées et d’autres non », a indiqué Fabienne Maupas, directrice du département technique et scientifique de l’ITB. Les premiers résultats font apparaître que les problèmes de levée entraînent, en moyenne, 20 % de jaunisse grave supplémentaire. « Les pucerons semblent attirés par des parcelles hétérogènes », remarque-t-elle.

Autre facteur pour la région Centre : la présence de betteraves porte-graine à proximité. « La jaunisse grave est plus forte quand les multiplications sont situées à moins de 1 km. Cela a conduit à mettre en place un plan d’action avec la filière semences ».

L’intérêt économique de l’irrigation

En région Centre, l’irrigation des betteraves présente un intérêt économique. L’ITB montre sur 22 essais conduits entre 2006 et 2023, avec des tours d’eau arrêtés aux alentours du 15 août, un gain médian d’environ 1 000 €/ha (pour des betteraves à 40 €/t et un coût de l’irrigation à 4 €/mm). L’intérêt de tours d’eau réalisés après le 15 août est très variable, et dépend principalement de la pluviométrie des mois de septembre et d’octobre. Mais cette année, les derniers tours d’eau ont été préjudiciables pour le niveau des richesses !

L’année 2024 sera certainement caractérisée par des coefficients d’attribution relativement faibles, et donc une disponibilité en eau moindre pour certains betteraviers. L’ITB conseille donc une irrigation précoce, avant le 15 juillet. « Celle-ci est bien valorisée », selon Paul Tauvel, agronome à l’ITB.