Depuis plus d’un an et demi, les excès d’eau perturbent les cultures sur une grande partie du territoire. Les sols, saturés et compactés, n’ont pas bénéficié de la restructuration naturelle due au gel et à une période sèche suffisante. Résultat : des parcelles sont asphyxiées et les céréales accusent des retards de croissance, voire des dépérissements. De plus, avec les excès d’eau, des cultures peuvent présenter des phytotoxicités d’herbicides.
Premier constat à dresser selon Arvalis : vérifier si la culture n’a pas dépéri. Si de nouvelles feuilles apparaissent, elle peut être maintenue. La densité des plantes entre également en ligne de compte. En dessous de 80 pieds/m², un retournement peut être envisagé. Cependant, si les pertes sont localisées, par exemple dans les mouillères, un semis de la même espèce mais avec des variétés de printemps peut être une solution. « Il n’est plus recommandé à cette époque de ressemer des variétés typées « hiver », ni même « demi-alternatives », indique Jean-Charles Deswarte, agronome et spécialiste en physiologie des plantes chez Arvalis dans une note technique du 20 février (arvalis.fr.).
Évaluer le niveau de compactage du sol
En complément, il préconise une inspection à la bêche afin de repérer le compactage, les amas de paille ou des profils hétérogènes (mottes sèches et compactes à côté d’horizon boueux). Dès lors, si le sol est dégradé, le potentiel de la culture en place comme de celle à venir sera affecté. « Réaliser des apports massifs d’azote au moment du tallage, c’est dépenser de l’azote avec un faible retour sur investissement, avertit Jean-Charles Deswarte. Mieux vaut donc fractionner les apports avec 30-40 unités pour commencer, et revenir sur la parcelle dès que la culture reprend un peu de vigueur. » Une analyse de sol est recommandée pour évaluer la disponibilité de l’azote. Une forte présence de forme ammoniacale révèle une situation d’engorgement très sévère. Arvalis recommande aussi une fertilisation soufrée pour compenser les pertes par lixiviation au cours de l’hiver.
Enfin, la gestion des adventices est également un point critique. « Normalement, les parcelles ont le plus souvent été convenablement désherbées », observe l’expert d’Arvalis. Si un désherbage s’avère nécessaire, il doit être réalisé avant la fertilisation. En effet, les graminées concurrentes profiteraient davantage des apports d’azote que la culture en place.
Lorsque la décision de retourner la parcelle s’impose, la reprise du sol doit faciliter l’enracinement de la culture suivante pour supporter les contraintes hydriques du printemps et de l’été. Outre les coûts déjà engagés, il faut également considérer les herbicides appliqués, qui peuvent limiter les choix de cultures de remplacement.