Les préparations du sol ne doivent pas être vues comme une simple routine à suivre de manière uniforme. Il est primordial de prendre en compte l’état structurel des parcelles qui seront bientôt semées. Les agriculteurs ont observé localement une succession de périodes très variées tout au long de l’automne et de l’hiver, avec un mois de janvier particulièrement humide (figure 1). Les régions betteravières ont été marquées à des échelles différentes par les précipitations, les sols hydromorphes argileux étant particulièrement sujets à des structures dégradées. Les périodes de gel de ce début d’année permettront de retrouver une structure bien évoluée pour les préparations des semis de betteraves. Attention toutefois à attendre un ressuyage optimal du sol pour éviter de créer des zones de tassements superficielles au semis. Voici un tour d’horizon de l’état structural des sols dans les différents départements betteraviers.

Quelques conseils pour les préparations

Dans de nombreux secteurs, les structures du sol risquent de rester grossières et mal nivelées, principalement dans les zones de limons moyens ou de limons argileux labourées à l’automne ou en début d’hiver. Les épisodes pluvieux de janvier n’améliorent pas cet état, rendant difficile la préparation des sols en un seul passage. Il sera crucial d’observer attentivement la situation afin d’ajuster les préparations, et de suivre quelques principes.

La première règle est de ne pas intervenir tant que le sol n’est pas suffisamment ressuyé. L’objectif est d’assurer le travail efficace des outils et que l’intervention ne provoque pas de tassements superficiels ou de lissages par les pièces travaillantes, ce qui nuirait à l’enracinement.

Pour les labours peu évolués, le nivellement et la réduction de la taille des mottes seront les premiers défis. La qualité du lit de semences en dépendra. Cependant, il faut éviter de trop affiner le sol, surtout en cas de temps sec. Il sera important d’augmenter progressivement la profondeur des interventions pour ne pas créer un horizon superficiel déstructuré, inadapté au pivotement.

Les intervalles entre la première et la deuxième intervention, ou entre l’intervention et le semis, doivent être ajustés en fonction des conditions climatiques prévues, en évitant surtout d’espacer les interventions en période de sécheresse (ou vent de nord-est). Pour respecter ces principes, il est essentiel de régler correctement l’outil et de vérifier la profondeur de travail. Une répartition équilibrée du poids du tracteur contribue à une cohésion homogène du sol sur toute la zone travaillée.

Une recommandation spécifique concerne les labours de printemps, qui seront réalisés dans des sols compacts. L’utilisation d’un outil à dents placé juste devant la charrue permettra de fragmenter la couche retournée en fond de labour, évitant ainsi la formation de grosses zones massives dans le profil du sol.

Somme/Oise

Les labours ont démarré vers la mi-novembre, pour se finir en majorité avant la fin de l’année. Des derniers labours ont eu lieu courant janvier, sur sols gelés (plutôt ouest de la Somme). Les périodes de gel de janvier et des derniers jours semblent profitables pour une bonne préparation au printemps, l’affinage devrait être facilité sur les premiers centimètres.

Normandie/Val d’Oise

Les labours d’hiver qui se sont étalés de décembre jusqu’en février n’ont pas été réalisés dans de bonnes conditions. Les lissages et les semelles de labour ont été particulièrement marqués. Pour les parcelles en labour de printemps (limon à limon sableux), l’excès d’eau a favorisé la prise en masse du sol. En conséquence, le ressuyage des sols sera plus lent et les terres plus difficiles à travailler.

Centre-Val de Loire

Les conditions de préparation de sol pour les semis de betteraves ont été réalisées en conditions très humides, avec des structures lissées et compactées. Les quelques jours de gel permettront d’assouplir un petit peu la surface du sol dans les sols argileux.

Nord-Pas-de-Calais

La majorité des labours d’hiver ont été réalisés dans de bonnes conditions, restent seulement les parcelles les moins argileuses à labourer. Cependant, la météo pluvieuse de ce mois de janvier a refermé les labours. Un retour du gel serait appréciable, il faudra être patient et attendre un niveau de ressuyage suffisant pour reprendre les terres au printemps sans créer des zones de tassements.

Aisne

Les états de surface des futures parcelles de betteraves sucrières sont bons, quel que soit l’itinéraire technique. Les labours réalisés en novembre et décembre se sont faits dans de bonnes conditions. Les non-labours travaillés en profondeur en septembre sont également en bon état.

Champagne

L’état structural des sols champenois semble globalement satisfaisant. Les profils de sol restent très humides en rapport au cumul de pluie observé. L’action du climat hivernal (gel et humidité) a favorisé une évolution des horizons de surface travaillés qui présentent actuellement un aspect propice à des préparations de qualité (structure et texture assez émiettée et affinée).

Île-de-France

Les sols limoneux de Seine-et-Marne, qui sont des sols plus froids et craignant l’excès d’eau, ont des structures de sols dégradées. Les semis de printemps risquent de se faire dans de mauvaises conditions.

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