« 80 t/ha. Le rendement betteravier de la Somme se situe dans la moyenne 5 ans », constate Jean-Jacques Fatous, directeur adjoint de la CGB Somme. La sole betteravière des 2 600 planteurs a gagné 8 % pour atteindre 48 370 ha. L’effet prix a joué, précise Jean-Jacques Fatous. La richesse de 16,8°S, proche de la campagne précédente, demeure très basse (moyenne 5 ans 17,3°S). Elle est même passée sous la barre des 15,5°S dans certaines parcelles. La filière s’interroge sur cette chute. D’autant plus qu’une bonne richesse contribue fortement au revenu betteravier.

Ce petit rendement s’explique par des dates de semis décalées de trois semaines par rapport à la moyenne. Avec 50 % des semis réalisés au 14 avril. Deuxième facteur, la pluviométrie importante favorisant la faible richesse et enfin le développement de la cercosporiose et parfois du mildiou.

Avec des campagnes longues (125 à 135 jours cette année), la rémunération des débuts et fin de campagne doit être réévaluée, continue le responsable de la CGB. Autres sujets importants, la conservation des betteraves et la gestion des bâchages.

La délégation de la Somme reste aussi très attentive sur le transport des betteraves et les enlèvements, notamment sur le bord des départementales. « L’autorisation qui existe depuis 10 ans pourrait rapidement être remise en cause », insiste Jean-Jacques Fatous. Sans oublier le travail réalisé afin que la betterave soit considérée comme une plante irrigable.

1 700 agriculteurs engagés en 2028

De nombreux planteurs se voient proposer des démarches d’agriculture de régénération ou de diminution de l’empreinte carbone, s’inscrivant parfois dans le projet Covalo (voir rubrique Entreprises). Alexis Patry, agro-économiste et directeur de l’ARTB (Association de Recherche Technique Betteravière), incite à s’interroger avant de se lancer dans la démarche (quelles cultures concernées, combien d’années d’engagement, exclusivité ou non de la démarche, possibilité de cumuler plusieurs financements…). La question de la rémunération de la transmission des données est primordiale, selon l’expert. Elle doit être clairement identifiée, et distincte de la rémunération liée à l’amélioration ou au niveau de l’empreinte carbone. Et ainsi être pérennisée. Clément Brunel agriculteur à Croix-Moligneaux, engagé dans des projets bas-carbone, souhaiterait que la profession détermine le coût réel de la transition.

Sans oublier, conclut Fabien Hamot, la nécessité de garder des exploitations compétitives et rentables. Pour cela, il faut lutter contre une concurrence déloyale, sans importation de produits ne respectant pas nos normes de production. « Depuis 2018, la boîte à outils des betteraves a perdu 30 molécules », constate Nicolas Rialland. Le directeur général de la CGB rappelle l’implication du syndicat sur les distorsions de concurrence et la problématique des importations Ukrainiennes et du Mercosur.

La proposition de loi « Contraintes » qui est en débat à l’Assemblée mobilise pleinement la CGB depuis maintenant des semaines a rappelé Nicolas Rialland. À Paris comme dans les délégations régionales, les rencontres parlementaires se multiplient pour expliquer encore et toujours les enjeux liés au retour de l’Acétamipride. « Ce travail de défense des moyens de productions, c’est le cœur de métier de la CGB pour les planteurs et la filière », a souligné Fabien Hamot.