Les betteraves poussent bien et les maladies foliaires sont sous contrôle : la cercosporiose, la rouille et l’oïdium ont été maîtrisés par les fongicides jusqu’alors. Les planteurs peuvent donc espérer des bons rendements, à condition d’avoir échappé à la jaunisse qui est le principal facteur limitant dans les zones touchées.
Depuis début juillet, les symptômes de la jaunisse virale se sont multipliés dans les champs de betteraves, a alerté la CGB dans un communiqué publié le 17 juillet. D’abord signalée en Île-de-France, en Champagne et en Centre-Val de Loire, la jaunisse s’est étendue à l’ensemble des bassins de production. En cause : une infestation exceptionnelle de pucerons, détectée dès la fin avril, malgré les mesures de prévention mises en place par les agriculteurs. « Nous avons subi une pression très forte de pucerons, noirs et verts, dès le printemps, explique Alexis Hache, président de l’ITB. Même avec des traitements en prévention, la situation est vite devenue incontrôlable. Nos insecticides foliaires ont une efficacité limitée dans le temps et, cette année, la pousse rapide des betteraves a encore compliqué les choses. »
Dans son point de situation du 5 août, l’ITB notait « une situation très contrastée selon les régions ». Le Nord, le Pas-de-Calais, l’Aisne et la Seine-Maritime étaient relativement épargnés par la jaunisse. Les symptômes ne dépassaient pas 5 % de la surface des parcelles les plus touchées, se manifestant généralement par quelques betteraves isolées ou des foyers très limités, avec un faible impact sur la productivité.
En revanche, l’Île-de-France était alors le département le plus affecté, avec 20 % de parcelles présentant des symptômes sur plus d’un quart de leur surface. Viennent ensuite la Champagne et le Centre-Val-de-Loire avec 10 % de parcelles touchées dans les mêmes proportions. L’Eure, l’Oise et la Somme se situent dans une situation intermédiaire.
Fin août, la jaunisse restait très visible, même si les champs avaient un peu reverdi, avec la pousse de nouvelles feuilles, suite aux pluies de fin juillet et à la minéralisation des sols.
Heureusement que la météo et les conditions d’implantation ont été plus favorables qu’en 2020, où la sécheresse avait aggravé les dégâts dus à la jaunisse. Sinon, le choc aurait été rude pour la filière betterave.
Un autre fait marquant de cette année vient de la richesse en sucre qui, en moyenne, frôlait les 19°S en cette fin du mois d’août, dans les parcelles saines.
Les premiers tests virologiques réalisés en juillet par l’ITB révèlent une forte présence du virus de la jaunisse grave BYV, détecté dans 80 % des parcelles symptomatiques. Les polerovirus sont en revanche beaucoup moins fréquents cette année, présents dans seulement 30 % des parcelles (contre 60 à 95 % les années antérieures). Ces résultats confirment l’hypothèse d’une contamination majoritairement survenue lors du pic de vol des pucerons fin mai et début juin. En effet, la transmission virale du BYV reste possible pour des betteraves à un stade proche de la couverture, alors qu’elle est quasiment nulle pour les polerovirus. La forte présence de pucerons noirs, vecteurs spécifiques du BYV, a également contribué à la dynamique épidémiologique, même si le taux de transmission est plus faible qu’avec le puceron vert du pêcher.