Rentabiliser l’irrigation d’une exploitation impose des cultures à forte valeur ajoutée, peu risquées économiquement. Sur son exploitation de 270 ha située à Charsonville (Loiret), Baptiste Menon n’a pas les moyens financiers pour endurer une mauvaise campagne et pour combler un déficit fiscal, après avoir investi des dizaines de milliers d’euros pour irriguer ses terres.

Aussi, se lancer dans la culture de pommes de terre de consommation ou encore d’oignons était exclu, car les cours sont trop fluctuants.

Produire des plants de pommes de terre est bien plus sécurisant. Cette activité est contractualisée. Mais pour Baptiste Menon, se lancer seul était inenvisageable compte tenu des investissements requis.

Or, il s’est avéré que trois de ses collègues, tous anciens militants de Jeunes Agriculteurs du Loiret comme lui, cherchaient à diversifier leurs exploitations. Et durant leurs années de syndicalisme, ils ont pris l’habitude de travailler ensemble. Aussi, ils se sont inspirés de l’expérience de l’un d’eux, qui produit déjà du plant de pommes de terre, pour se lancer et développer cette activité à quatre agriculteurs.

Leurs partenaires commerciaux sont Comptoir du Plant et Desmazières. Et comme la France et l’Union européenne manquent de plants, leur activité est vouée à se développer. Afin de limiter les investissements en matériels de cultures, ils ont décidé, dans un premier temps, de confier la réalisation de travaux spécifiques (plantation, arrachage, broyage par exemple) à des prestataires de services. À charge pour eux de labourer et de préparer les lits de semence.

Mais pour le stockage et le triage, les quatre agriculteurs ont créé la cuma « Loire Beauce plants ». Elle a financé la construction d’un bâtiment équipé de matériels de triage et de calibrage. Situé à une dizaine de kilomètres de la ferme de Baptiste Menon, ce bâtiment est dimensionné pour entreposer les récoltes de près de 80 hectares de plants.

Le collecteur, le chef d’orchestre

Pour les collecteurs de plants, ce bâtiment est une des bases logistiques sur lesquelles ils s’appuient pour piloter la commercialisation et l’expédition des plants des tubercules une fois récoltés, triés, calibrés et stockés. Les palettes de plants sont chargées dans des camions envoyés par les collecteurs, avant de les expédier à destination chez les patatiers.

Mais faire appel à des prestataires de services pour réaliser une partie des travaux est devenu une contrainte. Ils ne sont pas toujours disponibles le moment venu pour organiser les chantiers de récolte.

Dans le bâtiment, réceptionner les remorques de pommes de terre est parfois ardu, compte tenu de la logistique requise pour éviter la formation de goulots d’étranglement. Chaque lot de tubercule doit être géré séparément pour éviter les mélanges variétaux. Et après chaque livraison de lot variétal, le local de réception des remorques doit être nettoyé entièrement.

Aussi, les quatre planteurs ont décidé d’acquérir en commun les matériels de cultures pour être autonomes. La cuma « Loire Beauce Plants » a donc servi de support pour financer et acquérir une buteuse, une planteuse, un broyeur de fanes et une arracheuse. Le parc matériel sera amortissable sur 7 ans. Un cinquième associé les rejoindra prochainement.

Tubercules élites G7 à G9

Pour cultiver ses plants, Baptiste Menon s’appuie sur l’expérience de Basile Faucheux, le pionnier du groupe, et sur les conseils délivrés par les techniciens du comité centre et sud et des obtenteurs de variétés.

Baptiste Menon cultive des plants souches G4/G5 pour récolter ses plants souches et produire les années suivantes les tubercules élites G7 à G9 qui seront commercialisés. Chaque génération de plants est contrôlée par le Comité Centre et Sud. Si un lot dépasse les seuils de virose, il est déclassé et vendu comme pommes de terre de consommation à vil prix, car les tubercules sont de petits calibres.

Lorsque Baptiste Menon est bien pourvu en plants de souche G6, une partie de sa récolte est reprise par le collecteur pour être redistribuée à des planteurs qui ne sont pas parvenus à sécuriser leur approvisionnement en plants souches.

La culture de plants impose une rotation des cultures d’au moins 7 ans. Chaque année, avant l’implantation, les techniciens du Comité Centre et Sud s’assurent que les parcelles ne sont pas infectées de nématodes.

Les traitements combinent les luttes contre les pucerons et contre le mildiou. En période de levée des pieds de pommes de terre, leur feuillage doit être huilé tous les deux jours, puis en période de croissance, tous les 5 jours.