Que de chemin parcouru par la famille Maquinghen près de la Côte d’Opale. « C’est Émile, notre grand-père paternel, qui a créé la ferme familiale au début du XXème siècle à Trépied ,près de Cucq, qui s’étendait sur seulement 15 ha avec une vingtaine de vaches laitières. Malheureusement, il a été prisonnier de guerre de 1939 à 1945 et il faut rendre hommage à sa femme Irène qui a fait tourner l’exploitation », explique Philippe Maquinghen, l’un de ses deux petits-fils, aujourd’hui âgé de 57 ans.

Bernard, le fils d’Émile et Irène, reprend la ferme en 1964 et la développe avec sa femme Agnès. Rapidement, il reprend 5 ha entre Quend et Fort-Mahon et développe l’élevage de vaches laitières. Son exploitation fera 200 ha avec 70 vaches quand il prendra sa retraite en 2010. Entretemps, Laurent, le frère aîné de Philippe, s’installe à son compte en 1988 dans une ferme de 45 ha à Capelle, près de Saint-Josse-sur-Mer. « De mon côté, je reprends, en 1990, 70 ha à Conchil-le-Temple et, dans la foulée, nous créons avec mon frère Laurent le Gaec Maquinghen. Il faut comprendre que, jusque-là, mes parents, mon frère et moi avions des sociétés séparées, on travaillait ensemble aux champs et on mutualisait les investissements pour partager le matériel agricole », explique Philippe Maquinghen. À l’époque, le Gaec a une exploitation céréalière et de betteraves et environ 70 vaches allaitantes, génisses et pour la viande. Rapidement, les deux frères reprennent une nouvelle exploitation de 20 ha à Verton. En 2005, Sophie, l’épouse de Laurent, qui a repris la ferme de ses parents basée à Cucq (40 ha de céréales et de betteraves), rejoint le Gaec. Elle s’occupe depuis de toutes les questions administratives et financières du groupement.

Production de lait automatisée

En 2010, Bernard Maquinghen prend sa retraite – âgé de 80 ans aujourd’hui, il continue à donner des coups de main – et transmet la moitié de son exploitation (100 ha) à Julien, le fils aîné de Laurent, qui s’y installe en individuel (il rejoindra le Gaec en 2021). L’autre moitié de l’exploitation est reprise par Philippe. En 2020, c’est au tour de Pascaline, l’épouse de Julien, d’entrer dans le Gaec avec l’objectif de s’occuper de l’élevage bovin qui s’agrandit. Sans possibilité de s’étendre, le site de Capelle devient limité et le Gaec décide, en 2021, de créer une nouvelle ferme pour les vaches allaitantes et la production laitière au Champ de l’Arche, à côté de Saint-Josse. « Nous avons pris le risque d’investir plus de 5,5 M€ dans un équipement entièrement automatisé avec quatre robots de traite (fonctionnant 24 h sur 24 et 7 jours sur 7), trois robots aspirateurs de lisier et un robot repousse fourrage pour les 210 vaches laitières, une nurserie de 100 veaux et 100 génisses. Nous y avons également installé un centre de méthanisation qui transforme nos effluents en gaz puis en électricité, que nous revendons à Enedis. Et on récupère le digestat, ce qui nous permet de réduire de 30 % nos achats d’engrais », détaille Philippe Maquinghen.

Enfin, en 2023, le Gaec rachète une ferme (95 ha) à Saint-Aubin, spécialisée dans la production de légumes pour Bonduelle. Elle est exploitée par Vincent, le deuxième fils de Laurent, qui a été salarié du Gaec avant de devenir le sixième associé.

Activités diversifiées

Le Gaec exploite également 280 ha de prairies pour le fourrage, dont la moitié en extensif et 70 ha en mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), avec des fauches tardives et sans fertilisation azotée. Les cultures de betteraves et les céréales se situent sur la côte entre Etaples et Fort-Mahon. « On a mutualisé les machines (batteuse et pulvérisateur) pour limiter les investissements et optimiser leur utilisation, ça représente des déplacements, mais c’est la meilleure solution », souligne Philippe Maquinghen.

Les betteraves sucrières sont livrées chez Tereos à Attin, l’arrachage a commencé le 11 septembre pour les champs les plus humides, se poursuit en octobre et décembre pour les terres plus faciles et sableuses. « On a un très bon rendement en 2025, de 105 t/ha, et une belle richesse en sucre (19 °S), mais les cours sont plus bas cette année », prolonge-t-il. Quant à la vente des 2,6 millions de litres de lait produits, « cette année, les cours sont meilleurs et la vente de viande aussi, en revanche pour les céréales, c’est plus compliqué ».

Malgré tout, le Gaec Maquinghen (six associés et trois salariés) s’en sort, continue d’investir et voit la nouvelle génération bien lancée. « On a réussi à diversifier nos activités, on a mutualisé le plus possible les machines agricoles et, surtout, chacun des six associés a un rôle bien précis à assurer, que tout le monde respecte », conclut Philippe Maquinghen.