Depuis la crise Covid, et plus encore après l’agression russe de l’Ukraine, la souveraineté est devenue un maître mot pour les décideurs politiques tant européens que nationaux.
Ce mot fut la raison de la fondation de l’Union européenne et il a toujours été terriblement d’actualité, même quand quelques-uns dont des ONG s’employaient à le faire oublier, dépeignant le monde comme un heureux village peuplé d’amis de l’Union européenne où l’on pouvait faire son marché au moins cher tout en donnant des leçons moralistes.
Aujourd’hui, au-delà les mots, l’objectif de souveraineté européenne est-il bien au cœur des décisions politiques ? La souveraineté, c’est la capacité à produire durablement au maximum de ses possibilités et, pour le reste, ne pas être entre les mains de quelques sources restreintes.
Base intangible de la souveraineté européenne : l’alimentation, la défense, l’énergie et notre capacité à approvisionner nos alliés dans le monde afin de ne pas les pousser entre les mains de blocs qui ne partagent pas notre idée de la démocratie.
L’Union européenne a acté une stratégie pour sortir de sa dépendance aux énergies fossiles par le développement de la bioéconomie. Cet essor passe par la mobilisation de plus de production agricole européenne, sauf à troquer une dépendance aux fossiles contre une dépendance à des importations de biomasse.
Pour atteindre les objectifs fixés par le Parlement européen et le conseil des chefs d’états, c’est une hausse de la production agricole de 25 % d’ici à 2050 qu’il nous faut pour répondre aux demandes en chimie verte, bioplastiques, biocarburants et biogaz, de la décarbonation des bâtiments. Pour la culture de betterave, il nous faudra coupler une hausse des rendements à une hausse des surfaces.
Une telle ambition est crédible si, et seulement si, toutes les orientations sont prises en cohérence : ouvrir la génétique (l’accord sur le règlement NGT est un bon point), investir massivement notamment dans l’agriculture de précision et dans les outils de transformation, faire de la rentabilité de l’agriculture une priorité européenne, faire sauter les verrous règlementaires de la bioéconomie.
Force est de constater que nous n’y sommes pas encore avec une proposition de la présidente de la commission européenne d’un budget agricole en régression de près de 20 % (et la tentation de couper encore plus), d’une PAC moins commune renvoyant à chaque pays le soin de financer plus leurs agricultures s’ils le peuvent et le veulent. Moins d’Europe et plus de distorsion entre états membres n’ont jamais fait plus de production agricole et plus de profits.
Alors que les chefs d’états et le Parlement européen vont se lancer dans les négociations pour définir un budget 2028-2034 et refonder les politiques européennes, il est plus que temps qu’une prise de conscience se fasse du besoin de plus d’agriculture comme base de la compétitivité de l’ensemble de l’économie européenne.





