Tout en renonçant à imposer aux constructeurs de véhicules de passer au tout-électrique à partir de 2035, la Commission européenne a accordé la possibilité d’utiliser des biocarburants de seconde génération (issus de déchets et résidus). Mais la première génération – c’est-à-dire les biocarburants agricoles à base de betteraves, de blé et de colza – est exclue ! « À travers ce choix, la Commission néglige une nouvelle fois la contribution réelle des filières agricoles à l’économie et à la décarbonation des transports », regrettent les quatre associations spécialisées de la FNSEA concernées (AGPM, AGPB, CGB, Fop).

En choisissant de restreindre la définition des carburants renouvelables aux seuls carburants de synthèse et aux biocarburants issus de déchets et résidus (annexe IX de RED III), la Commission exclut tous les autres biocarburants durables, qui représentent pourtant près de 90 % des carburants renouvelables produits dans l’UE pour l’essence et 45 % pour le gazole. « En excluant ainsi les biocarburants dits de première génération, [la Commission européenne] réduit artificiellement le champ des solutions disponibles, au risque de rendre inopérante une flexibilité majeure qu’elle prétend vouloir offrir aux constructeurs automobiles comme aux automobilistes », argumentent les syndicats agricoles.

Cette position de la Commission est une première étape. Comme pour tous les règlements européens, il y aura des discussions entre la Commission, le Parlement et le Conseil des états membres. Or, les producteurs d’éthanol ont des alliés. Les constructeurs automobiles français et de l’UE sont ainsi favorables à l’inclusion des biocarburants de première génération dans la définition des carburants neutres en carbone. Plusieurs états membres (Allemagne, Italie, République tchèque, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Finlande, Pologne, Autriche) sont favorables à une définition incluant les biocarburants de première génération. Les autres pays ne sont pas nécessairement contre, mais ils ne se sont pas encore prononcés à l’image de la France, alors qu’elle est le premier producteur européen de biocarburants.

Les filières françaises de production de biocarburants agricoles appellent donc la France « à défendre avec détermination, au sein du Conseil, ses intérêts agricoles et industriels nationaux, qui convergent pleinement avec l’intérêt général en matière climatique. »