Depuis juin dernier, les spéculateurs avaient des doutes sur la tenue du marché mondial du sucre, avec l’annonce d’un retour à un cycle excédentaire pour la campagne actuelle. Mais sur la dernière quinzaine, le revirement est total : les voilà nets-acheteurs de presque 2 Mt, un niveau record depuis presque 6 mois. Considèrent-ils les prévisions d’excédents un peu trop optimistes ?

Il faut dire qu’entre-temps, les pluies ont freiné la progression de la campagne brésilienne. Pour la dernière quinzaine de septembre, le volume de cannes traitées atteint péniblement les 25 Mt dans le Centre-Sud : c’est presque 30 % de moins que l’an dernier à la même époque. Sur les six premiers mois de campagne, la baisse du volume de cannes traitées est de 8 %. Et comme la part dédiée à l’éthanol a progressé par rapport à l’an dernier, le géant brésilien affiche, jusqu’à présent, un volume de sucre total en baisse de 10 % par rapport à l’an dernier !

En Inde également, les pluies freinent l’ouverture de la campagne. Alors qu’elle avait commencé le 15 octobre l’an dernier en Uttar Pradesh, cela ne devrait avoir lieu, cette année, que début novembre. Et l’annonce d’une première tranche de sucre à l’export de 6 Mt, alors que le marché attendait plutôt 5 Mt, n’a pas fait trembler le marché. Cette résistance est à saluer et à rapprocher du niveau de stock du pays. La campagne ouvre avec un stock historiquement bas : sous les 7 Mt, c’est un quart de moins que l’an dernier, et un niveau jamais vu depuis 5 ans. Impossible, dans ces conditions, que le pays atteigne, sur la campagne, les 11 Mt de sucre exportées l’an passé…

Côté européen, bien que le sucre de la nouvelle campagne commence à être disponible, le spot ne se calme pas : il dépasse même les 1 100 €/t rendu utilisateur ! Quant à l’export, la Commission vient de dévoiler les chiffres de juillet dernier, et confirme le faible volume disponible sur le territoire européen : pour ce mois, seulement 36 000 tonnes de sucre blanc ont quitté l’Union. Du jamais vu : c’est deux fois moins que l’an dernier ! Et encore, c’est majoritairement du sucre à destination du Royaume-Uni, et en provenance de France. Le prix de vente moyen de 495 €/t fait penser qu’il s’agit probablement d’engagements contractuels passés. En effet, le même mois, l’Union a importé 41 000 tonnes de sucre blanc, majoritairement vers l’Espagne, la Roumanie et la Bulgarie, à un prix moyen (hors douane) compris, selon les destinations, entre 600 et 750 €/t !