« La filière betterave a été écoutée mais jamais entendue », regrette la Confédération générale des betteraviers (CGB) dans un communiqué du 6 juin. L’objet du mécontentement ? L’interdiction des néonicotinoïdes, décidée au niveau européen le 27 avril, lors de la réunion du Comité permanent sur les plantes, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (Scopaff). « La betterave sucrière, récoltée avant floraison, ne produit ni fleur ni pollen, donc n’attire pas les abeilles », rappelle la CGB, qui assure que « les néonicotinoides présents dans l’enrobage de la semence de betterave, ne présentent aucun danger pour les pollinisateurs ».

Des panneaux et une pétition

Face à cette situation, la confédération a décidé de mobiliser ses 14 syndicats en régions pour déployer, dès cette semaine, dans les champs de betteraves et aux abords d’axes routiers stratégiques, 220 panneaux pour quadriller la France betteravière en interpellant le Président de la République, avec le slogan « Préservons la betterave française ».

La CGB lance par ailleurs, sur Change.org, une pétition qui s’intitule « Préservons La betterave sucrière française » adressée à Emmanuel Macron et aux ministres, Stéphane Travert et Nicolas Hulot, pour sensibiliser le gouvernement à cet enjeu pour la filière.

Une demande de dérogation d’au moins deux ans

« Sans les néonicotinoides, les betteraviers ne disposent pas de solutions aussi efficaces et aussi respectueuses de l’environnement pour protéger les betteraves de la jaunisse virale », insiste le syndicat. Selon des études de l’institut technique de la betterave (ITB), les pertes de rendement pourraient aller « jusqu’à 50 % dans certaines zones de climat océanique ». « La seule alternative disponible aujourd’hui est chimique. Elle suppose un retour aux traitements par pulvérisations aériennes moins respectueux de l’environnement, plus coûteux et surtout moins efficaces pour lutter contre le puceron vert, vecteur de la jaunisse virale », explique Éric Lainé, le président de la CGB.

Le syndicat demande, au même titre que la Belgique, une dérogation (d’au moins de deux ans), le temps d’aboutir dans les recherches de solutions alternatives efficaces déjà en cours.

A.C.