Nous revoilà à la situation de janvier… Le sucre n’a, en effet, pas été épargné par la tempête déclenchée par le coronavirus début mars sur les bourses mondiales. Alors que le sucre brut avait gagné près de 40 % entre octobre dernier et le 21 février (il dépassait alors les 15,5 cts/lb), il a, depuis, perdu 20 % de sa valeur.

Dans le même temps, deux éléments majeurs l’ont fait trembler.

D’abord, la monnaie brésilienne a amplifié sa descente aux enfers. À chaque jour, un nouveau record, et il faut désormais plus de 4,7 BRL pour obtenir un dollar. La monnaie brésilienne a ainsi perdu presque le tiers de sa valeur en un an, et atteint des niveaux qui n’avaient, jusqu’à présent, jamais été enregistrés.

Ensuite, le pétrole, en tombant autour de 35 $/baril, a ravivé les craintes que les Brésiliens, dont la campagne cannière débute dans quinze jours, n’allouent qu’une petite partie de leur canne à l’éthanol et favorisent la production de sucre – diminuant d’autant le déficit mondial, qui reste, à date, estimé entre 10 et 11 Mt. Ce serait oublier que, justement, la chute de la monnaie brésilienne est telle que la chute du pétrole, en dollar, est moins importante en réal. D’ailleurs, l’éthanol brésilien se maintient remarquablement bien, pour l’instant. Les prochaines semaines seront donc suivies avec attention par les analystes. En tout cas, et comme à leurs habitudes, les spéculateurs suivent la tendance mondiale et se désengagent des achats, entraînant le sucre brut sous les 13 cts/lb. Le sucre raffiné a suivi la tendance, passant sous les 360 $/t. Cela correspond à une perte de quelque 60 $/t en quinze jours !

En ce qui concerne le territoire européen, la Commission a publié les prix du sucre livré en décembre dernier : la zone comprenant la France ne progresse que de 5 €/t, à 326 €/t sortie sucrerie. Cela confirme que les livraisons en cours restent toujours liées, en grande partie, à des contrats dont le prix avait été fixé il y a presque trois ans, indépendamment du fait que la tension entre l’offre et la demande est à son comble en Europe : les stocks de fin de campagne seront au plus bas depuis presque dix ans ! D’ailleurs, la Commission vient de confirmer que les exportations européennes, sur les trois premiers mois de la campagne, n’ont pas dépassé 300 000 t de sucre : c’est deux fois moins que le volume des trois premiers mois de la campagne passée…

Timothé Masson (CGB)