Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. On se souvient que Nicolas Hulot avait provoqué un tollé dans les rangs des chasseurs en souhaitant à demi-mot l’abrogation de la vénerie. Il avait déclaré « qu’il faudrait ouvrir un débat de société sur ce type de pratique de chasse qui interroge de plus en plus l’opinion publique ». Il semble que cette vision des choses ne soit pas partagée par le président de la République qui ne cesse de recadrer son turbulent ministre. Fêtant son anniversaire à Chambord, Emmanuel Macron annonce qu’il souhaite rétablir les chasses présidentielles. Il assiste à la présentation du tableau de sangliers – ce qui n’était pas arrivé à un président de la République depuis 40 ans – et dans un discours improvisé, fait l’éloge de la chasse, ce « formidable atout pour la biodiversité ». Et d’ajouter : « Je serai le président qui développera la chasse, vous pourrez toujours compter sur moi. »
Un peu plus tard, autre bonne nouvelle : la nouvelle réglementation sur les armes à feu autorise l’utilisation du « réducteur de son ». Attention : ne pas confondre avec le silencieux cher aux « Tontons Flingueurs » et qui réduit le bruit à celui de l’ouverture d’une bouteille de champagne. Le « modérateur de son » permet de passer de 140-160 décibels à 110-130 décibels. Ce dispositif convient aux chasseurs à l’approche, qui pourront ainsi chasser dans des conditions beaucoup plus confortables et préserver leurs oreilles. En outre, ce dispositif réduit le recul de l’arme de près de 30 %, ce qui n’est pas négligeable. Sachez enfin que si votre arme n’est pas filetée, procéder à cette opération n’est pas simple. Mieux vaut donc avoir une carabine pré-équipée.

Feux verts

Les bonnes nouvelles continuent de tomber. à la mi-février, le chef de l’état reçoit Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Willy Schraen est accompagné de Thierry Coste, conseiller politique de la FNC et de François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or. On ignore si Emmanuel Macron est chasseur lui-même ou s’il a des chasseurs dans sa famille mais « dans un échange extrêmement cordial et constructif », le président de la République donne son feu vert pour ouvrir le chantier de la réforme du permis de chasser à 200 euros. C’est une première réforme qui tenait à cœur aux représentants des chasseurs.
L’autre chantier, qui s’ouvrira également, sera celui de la réforme de l’ONCFS et de l’avenir de la police de la nature. Le président de la République accepte également de lancer le chantier de la gestion adaptative des espèces, en commençant immédiatement par le cas de l’oie cendrée. Le chef de l’état prend l’engagement d’autoriser la chasse de l’oie cendrée du 1er au 28 février 2019, dans le cadre d’une dérogation de régulation, telle que l’a proposée la FNC. C’est une bombe dans la mesure où Nicolas Hulot, recevant ces mêmes chasseurs, avait rejeté leur demande. Certes son argument pouvait laisser pantois. Il ne pouvait pas accéder à cette dérogation « pour ne pas mettre ses copains en colère » (sic). Aucun argument scientifique par conséquent, le refus étant juste destiné à donner des gages aux militants des “Verts”. Or le dossier s’avère plus complexe.

Chasse à l’oie en 2019 jusqu’à fin février

Les oies grises sont en constante progression. Aux Pays-Bas c’est devenu une calamité. Il y a environ 200 000 oies résidentes, et ce chiffre monte à 2 millions si on ajoute les oies migratrices qui vont et viennent. Les dommages agricoles sont tels – 7 M€ de compensation aux agriculteurs – qu’on ne peut faire autrement que de diminuer leur population. Comment ? Par la chasse mais ce n’est pas suffisant. Alors on les gaze ! C’est plus simple. Durant leur mue, elles se regroupent sur des grands plans d’eau (elles sont très vulnérables puisqu’incapables de voler). On les encercle avant de les enfermer dans une chambre asphyxiante au CO2 en groupe de 200-300. En trois minutes c’est réglé. Cela se pratiquait autour de l’aéroport Schipol, pour limiter le plus possible les collisions avec les avions, mais la Commission européenne ayant donné son feu vert, on gaze à tour de bras. Dans ce contexte, l’argument de Nicolas Hulot – ne pas peiner ses militants – a du mal à tenir et c’est très rationnellement que le chef de l’état a donné raison aux chasseurs (ces dérogations existent déjà en Belgique et aux Pays-Bas). Dès l’an prochain, on devrait donc pouvoir chasser les oies jusqu’à la fin du mois de février.
Au cours de son entretien à l’Élysée avec les représentants des chasseurs, le président de la République a clairement réaffirmé son soutien aux chasses traditionnelles et à l’ensemble des modes de chasse « dont la vénerie fait partie ». De nombreux autres sujets ont fait l’objet d’échanges pour mieux impliquer la chasse au cœur des politiques « biodiversité et ruralité ». Le Chef de l’état s’est donc franchement engagé en faveur des chasseurs. Restera à tenir toutes ces promesses bien entendu. En attendant, Nicolas Hulot a dû avaler un paquet de couleuvres. Il est vrai qu’il semble avoir l’estomac solide.

Eric Joly