1 – Choisir sa date d’arrachage avec Silobet

La campagne betteravière est estimée à 123 jours cette année, contre 104 jours en moyenne sur la période 2009-2016 (source CGB), ce qui implique des arrachages tardifs et une conservation de longue durée dans beaucoup de situations. La première étape d’une bonne conservation en silo se décide avant même la récolte. Il s’agit de définir la date d’arrachage. Pour les enlèvements de début de saison, il faut profiter de la croissance d’automne de la betterave et arracher juste avant la date d’enlèvement, en prenant en compte les conditions d’arrachage. Plus la saison avance et plus le risque de rencontrer des conditions climatiques défavorables s’accroît, ce qui peut aussi augmenter la tare terre et provoquer des tassements. L’objectif pour ces conservations de longue durée est donc de trouver le compromis entre arracher assez tôt dans de bonnes conditions tout en profitant de la croissance de la betterave.

Pour raisonner ce choix, l’ITB a mis à jour son outil Silobet. Il est accessible depuis la rubrique « outils » d’itbfr.org. En se basant sur de nombreuses études de suivi en conditions réelles et contrôlées, il a été défini un seuil de 270°C jours à ne pas dépasser pour la conservation des betteraves. Au-delà de ce seuil, les pourritures accélèrent leur développement.

Silobet calcule, en fonction d’une date d’enlèvement prévue et de la station météorologique la plus proche du silo, le temps pour atteindre ce seuil de 270°C jours. Ce calcul se base sur les données de température des 15 années précédentes. L’année médiane, l’année la plus froide et l’année la plus chaude, sont présentées. Ces résultats sont indicatifs, basés sur une analyse climatique fréquentielle et ne présagent pas des conditions climatiques qui suivront la récolte. Plus la saison avance et plus la différence est importante entre l’année la plus froide et l’année la plus chaude. Les conditions climatiques de l’année sont donc à prendre en compte, en effet la durée théorique de stockage pour un enlèvement au 30 janvier va de 42 jours pour l’année la plus chaude étudiée, à 83 pour l’année la plus froide à la station de Saint-Quentin.

2 – Adapter les réglages de récolte à la durée de conservation

Différents facteurs interviennent sur la qualité de la conservation (machine de récolte, agressivité du nettoyage, type de sol, etc.). Mais parmi tout ces facteurs, celui qui influe le plus sur la qualité de conservation des betteraves en silo est le réglage de l’intensité de nettoyage. Plus l’intensité est élevée et plus les betteraves sont soumises aux chocs, ce qui occasionne des pourritures durant la conservation.

En fin de saison, lorsque les betteraves sont récoltées pour une conservation longue, les conditions de récolte peuvent être difficiles. Le réglage à adopter est un compromis entre diminution de la tare terre et limitation des chocs et casses sur les racines. L’intensité du nettoyage doit être augmentée progressivement pour enlever la terre jusqu’à l’apparition de chocs sur les racines ou de casses de pointes excessives.

La qualité de scalpage est également prépondérante en fin de campagne. Un scalpage trop fort, outre la perte de matière nette, sera aussi une porte d’entrée pour le développement de pourritures en silo. A l’inverse, un scalpage trop faible provoquera des repousses pendant la conservation, ce qui induit une perte de richesse. De plus, des repousses et pétioles trop abondantes pénaliseront le passage du silo à la réception à l’usine.

Trois niveaux de réglages pendant le nettoyage des betteraves ont été réalisés : doux, moyen et agressif. Puis les différents échantillons ont été mis en conservation à une température constante (18 ou 13°C) ou en silo (température moyenne 7°C) pendant 26 jours. La gravité représente le poids des parties pourries sur le poids total de l’échantillon. Plus la température est élevée, plus la gravité augmente. Dans les deux premiers cas, la somme de températures est de 486°C jours à 18°C et 338°C jours à 13°C, le seuil de 270°C jours est dépassé. Le réglage agressif a donc une incidence négative. Pour le dernier cas, la somme de température est de 173°C jour et l’impact du mauvais réglage est limité. Il est donc nécessaire de raisonner sa date d’arrachage. Plus le nettoyage est agressif et plus la gravité d’attaque des pourritures est élevée.

3 – Bâcher pour protéger le silo

Lorsque la saison avance, les risques de gelées augmentent. En prévention, il est nécessaire de protéger le silo. La solution la plus utilisée actuellement est la bâche Top Tex®. C’est un géotextile qui permet de protéger le silo tout en laissant l’air circuler. Pour faciliter la mise en place de la bâche, le silo doit être nivelé pour éviter que le froid et l’eau ne s’accumulent dans les « creux » et que la protection ne perde en efficacité. La pose de la bâche doit donc être anticipée dès la récolte, lors de la constitution du silo. En cas de bâchage mécanisé, il est nécessaire de laisser assez d’espace pour que le tracteur puisse manoeuvrer autour du silo.

Le premier avantage de l’utilisation de ce type de bâche est de sécher l’intérieur du silo car ce géotextile laisse passer l’air mais ne laisse pas passer l’eau. La terre attenante aux betteraves sèche pendant la conservation. Elle est donc plus facile à enlever dans le cas d’un passage au déterreur ou à l’avaleur de silo. Le bâchage est d’autant plus bénéfique si les conditions climatiques sont pluvieuses pendant le stockage. La bâche est à retirer le plus tard possible avant l’enlèvement, afin d’éviter qu’une pluie n’annule l’effet du bâchage sur le déterrage.

Cette bâche Top Tex® protège contre les gelées jusqu’à – 5°C. Lorsque le gel est plus intense, les premières couches du silo seront atteintes, notamment celles orientées vers le nord. Pour lutter contre ces fortes gelées, on peut surbâcher le silo ou bien rajouter des « jupettes », des bâches placées à la base du silo, là où le gel est le plus intense.

Institut technique de la betterave (ITB)