C’est un des effets collatéraux du mouvement des gilets jaunes. Le gouvernement a préféré, au dernier moment, ajourner l’examen en conseil des ministres des ordonnances du projet de loi Alimentation, portant sur l’encadrement des promotions et le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte (SRP) des enseignes. En cause : la peur que ces deux textes, censés améliorer la rémunération d’une majorité d’agriculteurs, entraînent la hausse des prix des produits alimentaires début 2019, comme le martèle l’enseigne Leclerc. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a promis que « les ordonnances seraient appliquées en janvier ou février ». Mais la FNSEA et les JA ne l’entendent pas de cette oreille. Les deux syndicats craignent que les textes passent tout simplement aux oubliettes et ne puissent pas être appliqués avant la fin des négociations commerciales, le 28 février 2019.

Non à « l’écologie punitive »

Pour mettre la pression sur le gouvernement, à quelques semaines des élections aux Chambres d’agriculture (en janvier 2019), la FNSEA et les JA, rejoints par la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), appellent à des manifestations à partir du 10 décembre. L’occasion pour les producteurs de grandes cultures de protester contre « l’écologie punitive » dont ils se disent victimes. « La liste des contraintes imposées par le gouvernement, ayant un fort impact économique sur l’activité des producteurs de grandes cultures, s’allonge tous les jours », ont dénoncé l’AGPB, l’AGPM, la CGB et la Fop dans un communiqué du 5 décembre. Les quatre associations spécialisées de la FNSEA pointent la séparation du conseil et de la vente, la suppression des remises rabais ristournes (3 R) sur les produits phytosanitaires, l’augmentation de la redevance sur les pollutions diffuses (RPD) et la plateforme sur la sortie du glyphosate. « C’est bien d’un accompagnement vers la transition écologique dont nous avons besoin, et non de taxes ! », insistent les 4 syndicats, qui demandent au gouvernement de renoncer à l’augmentation de la RPD, à fermer la plateforme « glyphosate », et de revenir à une position de sagesse sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques.

Adrien Cahuzac