La consommation mondiale 2018-2019 augmenterait de 1,4 % pour atteindre un nouveau record au-delà des 186 Mt. Dans le même temps, la production baisserait de 4,3 %, tout juste sous les 185 Mt. La campagne actuelle, d’octobre à septembre, afficherait donc bien un retour à un cycle déficitaire, autour de -1,7 Mt.

L’Inde, dont la campagne a débuté en octobre dernier, voit ainsi sa production baisser de 2,7 Mt par rapport à la campagne exceptionnelle de l’an dernier, et n’atteindrait pas 33 Mt, du fait de pluies moins abondantes et de problèmes parasitaires. Il faut dire que les rendements de l’an passé, proche des 80 t/ha, contre la moyenne des cinq dernières années sous les 70 t/ha, avaient été exceptionnels. La vision est proche au Pakistan, qui ne devrait atteindre qu’un peu plus de 6,5 Mt, ainsi qu’en Thaïlande : le pays devrait revenir autour des 14,5 Mt après la campagne record de l’an passé, au-dessus des 15 Mt. Soulignons que les estimations dans cette région du globe n’intègrent pas un éventuel impact d’El Niño, alors que les services météos américains viennent d’annoncer qu’il y avait deux chances sur trois que le phénomène climatique se produise cette année…

Les mauvais rendements européens devraient diminuer la production dans l’Union de quelques 3 Mt. La Russie et l’Ukraine annoncent, pour leur part, 20% de betteraves en moins, du fait de mauvais rendements et de baisses de surface.

Le cas du Brésil est particulier : sa campagne est d’avril à mars quand l’analyste travaille d’octobre à septembre. Les prévisions prennent donc en compte un grosse partie de la campagne qui a lieu actuellement dans le pays, et qui en est à son neuvième mois. Or, sur ces neuf premiers mois, le Centre Sud du pays n’a produit que 26,2 Mt de sucre, contre 35,7 Mt l’an dernier à la même époque. Cette baisse, de plus de 26 %, est directement imputable à l’allocation record de la canne vers l’éthanol : seul 35 % de la canne a servi à faire du sucre, soit 12 points de moins que l’an passé ! Le cours du pétrole à l’ouverture de la prochaine campagne, en avril prochain, pourrait
changer la donne, mais, en l’état actuel des choses, l’analyste estime que sa production augmentera alors d’environ 2,3 Mt, sans toutefois dépasser les 33 Mt de sucre.

L’analyste conclut ainsi : « les prix actuels intègrent déjà la plupart des nouvelles baissières » et « les fondamentaux s’améliorent petit à petit ». « Néanmoins, il ne faut pas oublier que les stocks mondiaux sont encore lourds ».

En tout cas, la légère reprise des cours, récente, semble montrer un léger assouplissement des positions vendeuses des spéculateurs, qui pourraient ainsi commencer à être à l’écoute de ces fondamentaux.

Timothé Masson, CGB