Quel sera le niveau du déficit mondial pour la prochaine campagne ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, et les avis des analystes sont partagés. Certains, comme FoLicht, l’anticipent à un niveau modéré, (- 1,8 Mt), quand d’autres, comme la Rabobank ou Louis Dreyfus, estiment qu’il pourrait dépasser les 4 Mt. Sucden et l’ISO, voient la situation entre les deux, entre 2 et 2,5 Mt.

Pourquoi une telle différence ? Car deux grandes inconnues demeurent. La première, c’est, une fois de plus, l’allocation de la canne à sucre brésilienne vers le sucre. Avec près des deux tiers de la canne à sucre orientés vers l’éthanol depuis le début de sa campagne en avril dernier, le Brésil dépasse tous ses records. Et avec un pétrole qui se rapproche à nouveau des 65 $/baril, et un regain de tension au Moyen-Orient, cela pourrait se poursuivre.

La seconde inconnue nous vient d’Inde où la campagne se termine. Elle est attendue à un niveau relativement stable (35,8 Mt contre 35,3 Mt l’an dernier), bien que la mousson soit très en retard : cela n’affectera que la campagne suivante. Sachant que les intentions de surfaces indiennes pourraient être en fort repli (jusqu’à – 40 % selon certaines sources, dans le Maharashtra, principal bassin producteur du pays), la baisse de production sur 2019-2020 pourrait dépasser les 5 Mt !

Du coup, le marché se cherche. Il reste autour des 12,5 cts/lb sur le terme le plus proche (octobre 2019). C’est finalement son niveau depuis le début de la campagne. Mais dès le terme suivant (mars 2020), il affiche 1 cts/lb de plus. Quant aux spéculateurs, ils sont désormais nets vendeurs de 5 Mt. C’est beaucoup, mais deux fois moins qu’il y a deux mois.

Cet attentisme se ressent aussi en Europe, avec un marché contracté morose, mais un marché spot, certes sans volume, au-delà de 450 €/t ! Une situation qui va probablement animer les négociations pour l’an prochain…
D’autant plus que l’éthanol se maintient au-dessus de 63 €/hl : de quoi attirer une bonne partie des betteraves vers ces débouchés ?

THIMOTHÉ MASSON, CGB