L’agronome Catherine Geslain-Lanéelle se lance à l’assaut de la présidence de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Si elle est la candidate française, elle a aussi obtenu le soutien de plusieurs autres capitales européennes après un processus informel mené lors d’une rencontre des ministres à l’Agriculture, en octobre.
Alors qu’elle rencontrait des journalistes pour présenter ses priorités, elle s’est dite heureuse d’être la première candidate de l’UE à l’agence onusienne et assure que l’Europe lui a déjà apporté un soutien à tous les niveaux.
Cela inclut les organes administratifs de la Commission, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), les directions de la coopération au développement (DEVCO), de l’agriculture (AGRI), des affaires maritimes et de la pêche (MARE) et de la santé (SANTE), ainsi que les commissaires à l’agriculture, Phil Hogan, et à la coopération internationale et au développement, Neven Mimica, qui ont fait plusieurs apparitions publiques à ses côtés.
Paris a soutenu de tout son poids l’idée d’un candidat européen, afin d’accroître ses chances, mais aussi d’éviter de répéter l’erreur de candidatures diverses lors des dernières sélections à l’agence. En 2011, Franz Fischler, ancien commissaire autrichien, et Miguel Ángel Moratinos, ancien ministre espagnol, s’étaient affrontés, avant d’être tous deux éclipsés par le candidat brésilien, Graziano Da Silvia.
Pas de solution unique
En ce qui concerne le défi de la croissance démographique, la Française ne se démonte pas. « Nous avons des solutions qui nous permettront de produire plus et mieux », a-t-elle assuré.
Si elle croit plus à un mélange de mesures qu’à une solution unique, elle n’exclut pas catégoriquement les nouvelles techniques de sélection des plantes, sous les feux de la rampe après un jugement de la Cour de justice de l’UE les comparant aux OGM.
« Je rappelle que Malthus disait que nous n’arrivions pas à nourrir une population croissante. Grâce à la transposition à l’agriculture des progrès scientifiques et technologiques, nous l’avons fait », a-t-elle souligné.
Si la science a permis de tripler la production agricole mondiale, elle doit à nouveau être appelée à la rescousse pour assurer une production aussi durable et respectueuse que possible, estime Catherine Geslain-Lanéelle. Elle défend une réduction des intrants chimiques, mais ne les diabolise pas.
« On a besoin de sélectionner les variétés, d’utiliser des techniques de sélection, mais surtout que tous ces progrès techniques, scientifiques et technologiques soient respectueux de la santé de l’Homme, et notamment des agriculteurs qui y sont exposés, et de l’environnement », insiste-t-elle.
Diplômée de l’école Agro Paris Tech, puis directrice de la Directrice générale de l’alimentation (DGAL) au ministère de l’Agriculture entre 2000 et 2003, la Française a été à la barre de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de 2006 à 2013. Une expérience qui a changé sa manière de travailler, en particulier en ce qui concerne la transparence et l’ouverture au dialogue avec tous les acteurs, des agriculteurs à la société civile, affirme-t-elle.
« D’abord que ça m’a apporté de travailler dans cette organisation, c’est la connaissance et l’expérience d’une organisation multiculturelle […] dans lesquelles il y avait 28 nationalités présentes, voire même une cinquantaine, parce qu’en fait on travaille avec des experts du monde entier, indique-t-elle. C’est une expérience utile que je mets au service de la FAO. »
Élection en juin
Le mandat du directeur général de la FAO, Graziano da Silva, se termine en août. L’élection de son successeur se tiendra en juin et réunira les 194 États membres de l’organisation internationale. La course devrait opposer un Européen à un candidat asiatique, bien qu’il n’y ait officiellement pas de principe de rotation au sommet de l’agence des Nations unies.
Catherine Geslain-Lanéelle a confirmé qu’elle aurait des concurrents chinois et indien. Selon les informations obtenues par Euractiv, David Kirvalidze, conseiller du Premier ministre géorgien et membre de l’organisation à but non lucratif CNFA, sera également candidat.
La liste finale des candidats sera dévoilée à la fin du mois de février. Le dernier Européen à diriger la FAO était le Néerlandais Addeke Hendrik Boerma, dont le mandat a duré de 1968 à 1975.
Gerardo Fortuna (Euractiv.com) – traduit par Manon Flausch.