À mesure que les jours avancent, la jaunisse poursuit sa progression inexorable vers le nord. Les betteraves ont commencé à jaunir dès le 27 mai dans la région Centre. « En 10 jours, les champs ont changé de couleur », explique Pierre Rayé, directeur général de la CGB. Aujourd’hui, toute la France betteravière est touchée à des degrés divers, avec un gradient Nord Sud très marqué.

Les agriculteurs ont pourtant appliqué toutes les solutions autorisées pour lutter contre les pucerons en appliquant jusqu’à 4 traitements en végétation, ce qui représente un surcoût de 80 €/ha par rapport aux traitements de semences par Imprimo. Ce surcoût, ajouté à la perte de rendements (jusqu’à 50 %), l’inefficacité des produits et l’impression de faire un bond de plusieurs années en arrière, attise une véritable colère chez de nombreux planteurs. « C’est non-sens économique et environnemental », s’emporte Franck Sander, qui regrette cette décision politique d’interdire les néonicotinoïdes en traitement de semences sur des plantes qui ne sont pas butinées.

100 M€ de perte au niveau national

D’ores et déjà, la CGB s’attend à un rendement moyen français inférieur à 80 t/ha à 16, soit le niveau le plus faible depuis 15 ans. Et il est tout à fait possible que cette prévision se dégrade au fur et à mesure que la campagne avance.

La perte induite par la baisse du rendement se monte à 100 M€ au niveau national, soit 10 % du chiffre d’affaires des planteurs français. « Pour certains agriculteurs, c’est 1 000 €/ha de perdu, alors que la situation économique est déjà très préoccupante », explique Pierre Rayé.

La CGB craint que certains agriculteurs arrêtent la culture de la betterave si les pouvoirs publics n’apportent pas très vite des réponses. Il y aurait alors des risques de nouvelles fermetures d’usine l’année prochaine dans les régions les plus touchées.

La CGB demande donc de toute urgence au nouveau ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, la mise en place d’un plan d’action articulé en trois volets : Une solution efficace de protection des betteraves pour les semis 2021 (en enrobage de semences), la mise en place d’un système d’indemnisation des planteurs sinistrés par la jaunisse et un soutien public renforcé à la recherche contre la jaunisse.

Il faut agir vite, au plus tard avant la fin de l’été, pour que les semenciers puissent s’organiser pour traiter les graines… en attendant qu’ils mettent sur le marché des variétés tolérantes à la jaunisse, qui devraient arriver au mieux en 2025.