La date du 22 septembre est sans aucun doute une étape importante dans la lutte contre la jaunisse de la betterave. Deux plans complémentaires ont en effet été remis successivement aux pouvoirs publics, suite à la demande du ministre de l’Agriculture le 6 août dernier quand il a annoncé une modification législative pour permettre l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences.

Le plan de prévention porté par la filière betteraves-sucre (AIBS) comporte une série d’engagements chiffrés sur la recherche de solutions alternatives aux néonicotinoïdes et la protection des pollinisateurs.

Concrètement, le plan d’action prévoit :

• La réduction de 25% de la dose de néonicotinoïdes utilisés en enrobage de semence par rapport à la pratique précédente ;

• La restriction à une seule année de l’utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes par parcelle sur la période 2021-2023 ;

• L’implantation de cultures non mellifères après cultures de betteraves ;

• La mise en place de fermes pilotes en conditions réelles d’exploitation sur 500 hectares dès 2021 (1 000 hectares en 2023), parmi les surfaces conduites sans néonicotinoïdes afin de démontrer les résultats de la recherche et les innovations ;

• L’organisation d’échanges locaux entre agriculteurs et apiculteurs en vue d’identifier et de promouvoir les pratiques et dispositifs favorables aux abeilles et pollinisateurs ;

• L’implantation de 4 000 ha de nouvelles surfaces de plantes mellifères (luzernes d’été, bandes fleuries, jachères mellifères, etc.) sur l’ensemble des exploitations betteravières à horizon 2023 ;

• La communication et la formation des agriculteurs pour accélérer la transition vers une agriculture betteravière sans néonicotinoïdes ;

• Des travaux sur le terrain pour renforcer la connaissance de la dynamique d’apparition des pucerons et des jaunisses, développer des outils prédictifs pour diffuser des conseils pertinents et adaptés à la situation de chaque campagne.

Un programme de recherche Inrae-ITB

À côté de ce plan de prévention, un plan national de Recherche et Innovation sera mené durant les trois prochaines années par l’Inrae et l’ITB, visant à trouver des « alternatives opérationnelles aux néonicotinoïdes contre la jaunisse de la betterave ». Il s’agit d’amplifier le travail de recherche entamé ces dernières années par l’institut technique et les semenciers.

Ce plan, mis au point par les deux instituts, était également remis à Julien Denormandie par le PDG de l’Inrae, Philippe Mauguin, et le président de l’ITB Alexandre Quillet.

Les deux instituts vont travailler de manière conjointe autour de quatre grandes thématiques :

• L’amélioration du diagnostic et du conseil aux agriculteurs.

• La mise en place de mesures pour favoriser les régulations naturelles de pucerons à l’échelle de l’environnement des plantes, des cultures et des paysages.

• La lutte contre les pucerons au moyen de nouveaux aphicides de synthèse et de produits de biocontrôle.

• L’exploitation des systèmes de défense naturelle (variétés tolérantes, amélioration de l’état nutritif des plantes, résistances croisées …).

L’allocation d’État sera plus importante que ce qui avait été annoncé le 6 août (5 M€), puisque 7 M€ seront attribués sur 3 ans, dont 3,50 M€ pour l’ITB, 1,5 M€ pour l’Inrae et 2 M€ aux partenaires, notamment les semenciers. « Ce financement public aura un effet levier supérieur à 20 M€ », estime Philippe Mauguin. Les chercheurs espèrent ainsi pouvoir proposer aux planteurs un bouquet de solutions avant la date fatidique de 2023.

« Nous sommes engagés dans un processus de transition qui passe à la fois par l’évolution de nos modes de culture et par l’amplification des efforts de recherche. Avec le soutien de l’État et de l’Inrae, la filière betteraves se donne les moyens de sortir des néonicotinoïdes au cours des trois prochaines années », déclare le président de l’AIBS, Jean-Philippe Garnot.